FEDERFARMA, la fédération des pharmaciens qui regroupe 17 000 officines, et Assogenerici, la fédération de l’industrie du générique (51 entreprises avec un chiffre d’affaires global de 1,65 milliard d’euros en 2009), ont organisé deux conférences de presse pour critiquer les mesures publiées jeudi dernier au « Journal officiel » italien. Des mesures inscrites dans l’article 11 du programme budgétaire 2011-2012, rebaptisé « contrôle des dépenses sanitaires », qui imposent une baisse de 3,65 % du prix des médicaments remboursés par la Sécurité sociale, et de 12 % de celui des génériques. Une mesure inique selon Federfarma et Assogenerici, les génériques coûtant déjà 30 % de moins que les princeps. « C’est une absurdité totale, un contresens », tempête Giorgio Foresti, président de Assogenerici lors de l’assemblée des associations européennes de l’industrie du générique qui vient de se tenir à Rome. Pour lui, le gouvernement Berlusconi pénalise le marché du générique. « En Italie, la part du générique représente seulement 10 % du marché du médicament contre 50 % en Allemagne », explique-t-il.
Même indignation du côté des pharmaciens, qui parlent déjà de croiser les bras pour obliger le ministre du Trésor à revoir sa copie, la baisse du prix de vente des médicaments impliquant une chute de 30 % du chiffre d’affaires des officines. Du coup, la survie de nombreuses pharmacies est remise en cause. « Le décret Tremonti implique à plus ou moins long terme, la fermeture de 400 officines sur 1 400 dans le Latium, 300 sur 1 430 dans le Piémont et 50 sur 250 en Ombrie », affirme Franco Caprino président de Federfarma Latium. Au total, 20 % des officines italiennes pourraient mettre la clef sous la porte, notamment dans les zones rurales. « La fermeture des pharmacies pénalisera en premier lieu les personnes âgées installées dans les villages. Comment parler de redressement social face à une telle catastrophe ? », tonne Franco Caprino.
Pour enfoncer le clou, le président de Federfarma Latium ajoute que ces mesures pénalisent uniquement les pharmacies et l’industrie du générique, et non pas « l’ensemble du secteur sanitaire ». Chiffres en main, il démontre que de nombreuses petites officines sont déjà au bord du précipice. Selon une étude publiée en janvier dernier par la faculté d’Économie la Sapienza, à Rome, les pharmacies ont déjà enregistré une chute de leurs chiffres d’affaires importante et une augmentation de leurs coûts opérationnels, entre 2006 et 2008, en raison de la politique gouvernementale. Une politique qui a démarré avec la libéralisation, imposée par le ministre Pierluigi Bersani en 2006, et l’ouverture des parapharmacies en grande surface, réduisant le chiffre d’affaires des pharmacies tout en augmentant la concurrence. « La nouvelle manœuvre budgétaire va donner le coup de grâce aux officines. Pour nous protéger, nous pourrions refuser d’appliquer les tarifs de la Sécurité sociale en faisant payer les médicaments remboursés plein pot. Nous sommes aussi prêts à entamer une grève de la faim pour mieux nous faire entendre », promet le président de Federfarma.
Face à ces menaces et à la colère des industriels du générique, le ministre de la Santé, Ferrucio Fazio, se dit prêt au dialogue. Il propose aux professionnels concernés de présenter leurs cahiers de doléances qu’il fera suivre au ministre du Trésor. Dans l’immédiat, toutefois, une remise à plat des coupes et des mesures envisagées n’est pas à l’ordre du jour, notamment en raison des pressions de Bruxelles et des gouvernements européens qui multiplient les plans de rigueur.
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