Sentinelles naturelles de par leur expertise dans le médicament, les pharmaciens trouvent des alliés de choix auprès de tous les autres professionnels de santé. Des consultations longues des kinés qui ont tout le loisir de s’assurer de la bonne compréhension et de la bonne administration des traitements aux infirmiers qui voient les pharmacies familiales et préparent les médicaments de leurs patients, tous sont des sentinelles de premier plan. Malgré ce consensus, on estime toujours à plus de 10 000 décès et 130 000 hospitalisations dus au mauvais usage du médicament.
« Il n’y a pas un mais des mauvais usages. C’est pourquoi il n’existe pas une mais des solutions », souligne Philippe Lamoureux, directeur général du LEEM, membre avec 17 autres organisations de l’association Bon usage du médicament (ABUM).
Cette association toute récente a présenté un ensemble de recommandations pour lutter contre l’iatrogénie il y a tout juste un an, plutôt bien accueillie par la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Si la création d’un observatoire sur le sujet n’a pas encore vu le jour, Jean-Marc Aubert, à la tête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) et pilote du Health Data Hub, souligne que la base de données de l’assurance-maladie est déjà très fournie, tout comme celles des hôpitaux. « L’intérêt est de rapprocher toutes les données médico-économico-sociales-génétiques pour aller plus loin dans la mesure du bon usage du médicament. Le Health Data Hub, plateforme d’exploitation des données de santé, est pour cela un outil facilitant. » Mesurer les conséquences du mauvais usage du médicament est l’un des objectifs poursuivis. La difficulté est de réussir à « entrer dans l’usage d’un groupe de patients pour repérer ce qui doit être amélioré ».
Travail collaboratif
Pour Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), tout se met en place pour favoriser le bon usage du médicament : du changement de mode de rémunération du pharmacien aux accompagnements spécifiques des patients les plus fragiles, en passant par le retour de la disposition relative au rôle du pharmacien correspondant dans la future loi santé ou l’accès aux informations contenues dans le dossier médical partagé (DMP). Ces changements de fond ne concernent pas que la profession officinale, comme le rappelle Patrick Chamboredon, président du Conseil national de l’Ordre des infirmiers, en se félicitant d’une « implication plus grande des infirmiers dans la future loi santé » et en rappelant que « seuls, on n’est rien, une bonne prise en charge se fait à plusieurs ». Xavier Cnockaert, chef de pôle gérontologie du centre hospitalier de Beauvais et président de l’ABUM, confirme. « Nous mettons en place des hôpitaux de jour gériatriques qui illustrent cette collaboration pluriprofessionnelle. Le patient est accueilli par un infirmier, il consulte un kiné, un diététicien, le gériatre, puis le pharmacien fait le point sur son ordonnance et une synthèse pluridisciplinaire est réalisée en fin de journée. Ce travail collaboratif s’enracine dans les techniques professionnelles de chacun. » L’exercice coordonné au service du patient est la meilleure sentinelle.
D’après un colloque de l’association Bon usage du médicament.
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