Pour faire face à la demande en tests Covid, les fabricants ont dû se réorganiser dans l'urgence. Alors qu'il est impossible de prédire comment les besoins vont évoluer au cours des prochaines semaines, le président de l'entreprise AAZ envoie un message à l'État.
Entre le 3 et le 9 janvier, près de 12 millions de tests Covid ont été réalisés, dont environ 8 millions de tests antigéniques et la semaine dernière, les officines ont vendu entre 700 000 et un million d'autotests par jour. Les fabricants français, comme Biosynex ou AAZ, ont dû augmenter au plus vite leur capacité de production pour satisfaire la demande venant des pharmacies, à qui ils réservent la vente de leurs tests. Ainsi, Biosynex produira 15 millions de tests (8 millions de tests antigéniques et 7 millions d'autotests) pour le mois de janvier. De son côté, AAZ a annoncé que 12 millions de tests sortiraient de ses sites de production durant le mois en cours. Pour la semaine qui débute, AAZ s'apprête à livrer aux grossistes 1 million d'autotests adulte, 600 000 autotests enfant et 1 million de tests antigéniques.
Alors qu'ils sont focalisés sur leur capacité actuelle à répondre à la demande, ces fabricants se projettent déjà sur l'avenir. Pour eux, une question se pose en effet dès aujourd'hui. Se retrouveront-ils avec des stocks de tests sur les bras si les besoins diminuent du fait d'un probable recul de l'épidémie dans les temps à venir ? Anticipant cet éventuel cas de figure, le président d'AAZ, Joseph Coulloc'h, a lancé un appel à l'État sur « France Inter » : « Je demande au gouvernement, si jamais l'épidémie s'arrête, de bien vouloir nous racheter les stocks qu'on aura produits au prix coûtant. On veut bien faire beaucoup d'efforts mais il y a des réalités économiques qui ne peuvent pas être écartées. » Comme il l'a expliqué ensuite au « Quotidien du pharmacien », « le directeur de cabinet du ministre (de la Santé) nous a incités à monter en puissance et souhaite voir perdurer notre offre dans des proportions supérieures. Nous avons prévu des productions équivalentes à 2,5 à 3 millions d’autotests par semaine dès le début du mois de février, sans pour autant baisser de cadence sur le test antigénique », détaille Joseph Coulloc'h. Il fait en revanche remarquer qu'il est « impossible aujourd'hui de savoir s'il y aura encore des commandes d'autotests en mars. Le gouvernement ne peut pas simplement se poser en donneur d'ordres, il doit aussi s'impliquer ». Le président d'AAZ s'inquiète également des conséquences qu'occasionnerait une éventuelle prolongation de l'autorisation de la vente d'autotests en GMS, mesure qui doit s'arrêter le 31 janvier.
Directeur Europe BU OTC de Biosynex, Oren Bitton rappelle que si l'État s'est engagé à couvrir les grossistes et à racheter leurs stocks si nécessaire, il n'a pas fait cette promesse aux fabricants. « Si les grossistes s'engagent à acheter chez nous alors nous serons couverts mais s'ils préfèrent commander à l'étranger la situation pourrait être délicate. Jusqu'à présent, nous ne vendions qu'en direct mais suite aux demandes du ministère nous travaillons désormais avec les grossistes-répartiteurs. Nous sommes en discussions avec eux pour qu'ils achètent davantage chez nous. L'un d'entre eux a déjà répondu favorablement. »
Pour Oren Bitton, ce n'est pas tellement une baisse de l'épidémie qui pourrait entraîner un risque de surstock chez les fabricants mais plutôt une autre raison. « Il y a de plus en plus de fournisseurs à bas prix. C'est davantage la concurrence, de plus en plus forte, qui pourrait nous conduire à baisser les volumes. On a par exemple vu des pharmacies strasbourgeoises vendre des autotests fabriqués en Turquie avec des notices en allemand. » Sans oublier les autotests, parfois d'une qualité inconnue, vendus à bas prix par la grande distribution. S'il ne parvient pas écouler toute sa production en France, Biosynex peut compenser en vendant à l'international. L'entreprise exporte depuis longtemps vers d'autres marchés et voit la demande augmenter ces derniers jours dans certaines régions du monde comme l'Amérique du Sud. En France, une légère baisse de la demande commence à se faire sentir, notamment à cause du changement de protocole pour les écoles (les élèves cas contact n'ont plus besoin de tests antigéniques à J0). En février, Biosynex prévoit de produire 10 millions de tests pour le marché français, soit 5 millions de moins qu'en janvier.
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