L’annonce du successeur d’Olivier Brandicourt à la tête de Sanofi, le 7 juin dernier, a été saluée par une hausse du titre de 5,3 %. Paul Hudson, PDG de Novartis Pharmaceuticals depuis 2016, peut se valoir d’un bilan enviable et d’une envergure internationale. Le manager de 51 ans a vécu au Japon, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et a occupé de hautes fonctions chez Novartis, AstraZeneca et Schering-Plough.
Il a même fait ses premières armes chez Sanofi-Synthélabo au Royaume-Uni. « Ses compétences et son expérience lui donnent tous les atouts pour accélérer la croissance et mener l'adaptation du groupe aux nouveaux enjeux stratégiques, notamment en matière de recherche et développement et de digital », selon le président du conseil d'administration de Sanofi, Serge Weinberg.
Et le défi est de taille puisque, le 1er septembre prochain, le Britannique va arriver dans une entreprise qui vient d’annoncer une vague de 466 départs volontaires : 299 chercheurs sur les 3 800 travaillant sur le territoire français, et 167 sur les 1 500 en Allemagne. Objectif ? Une réorientation pour donner la priorité à la R & D sur les vaccins, l’onco-immunologie, les maladies rares et les maladies du sang. En revanche, le groupe français compte arrêter la recherche en cardiologie, jusque-là son cœur de métier, car « la majorité des maladies cardiovasculaires ont désormais des traitements qui marchent très bien, et donc la barrière à l’innovation est très élevée », explique Marc Bonnefoi, vice-président chargé des opérations de R & D monde. Côté diabète, activité en recul depuis plusieurs années, Sanofi poursuit ses activités de recherche mais souhaite se concentrer sur des traitements contre les facteurs sous-jacents de la maladie.
Activités prioritaires
Ces deux dernières années ont été éprouvantes pour Sanofi, entre les problèmes de rejets toxiques de l’usine de Mourenx – aujourd’hui résolus – la remise en cause de son vaccin contre la dengue Dengvaxia, l’affaire Dépakine, ou plus récemment les restrictions d’usage de Lemtrada dans la sclérose en plaques et le retrait du marché de Décontractyl, sans même évoquer les tensions d’approvisionnement en corticoïdes. Pour Olivier Brandicourt, l’actuel directeur général, il est primordial de répondre à « l’impérieuse nécessiter d’accélérer la transformation » du groupe afin d’améliorer son « niveau de performance » et garantir une « croissance durable », notamment en concentrant « les ressources sur les activités prioritaires ». Il a ainsi annoncé la volonté de Sanofi d’intensifier ses investissements dans les biotechnologies en France, en Allemagne et aux États-Unis, y compris dans les thérapies géniques.
Restructurations
Le nouveau plan fait l’objet de négociations avec les représentants du personnel qui devraient durer plusieurs mois, pour une mise en exécution fin 2019. Les syndicats sont excédés par des restructurations qui se suivent depuis des mois. Le 30 avril, Sanofi a déjà annoncé la suppression de 700 postes en France d’ici 2020 : 600 dans les fonctions support, 30 chez Sanofi Pasteur et 70 en R & D. Un projet de délocalisation en Hongrie, annoncé au même moment, concerne au final une activité support. Le 8 mars, ce sont 232 postes supprimés dans les activités commerciales françaises qui ont été évoqués.
Depuis le début de l’année, plus de 1 000 emplois ont été visés par ces annonces de suppression ou de départs volontaires sur les 25 000 collaborateurs présents dans l’Hexagone. Et 2018 n’avait pas été plus clémente. Sanofi a par exemple fait le choix d’externaliser sa recherche anti-infectieuse hors vaccins et confié son unité de 100 chercheurs de la région lyonnaise à l’allemand Evotec. Pour les représentants du personnel, c’est un plan « inacceptable » eu égard aux 120 à 130 millions d’euros de crédit impôt recherche dont Sanofi bénéficie chaque année « normalement pour développer la recherche en France ». Lors d’une manifestation, le 4 juillet, trois syndicats ont diffusé un tract dénonçant un « quatrième plan de restructuration en 10 ans, 2 500 postes supprimés, six sites fermés ». L'an dernier, le groupe a investi 5,9 milliards d’euros dans sa R & D, soit 17 % de son chiffre d’affaires, dont 2,5 milliards d’euros en France.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %