À LA VEILLE de la présentation de chaque PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale), le monde de la santé bruisse de rumeurs, plus ou moins téléguidées, sur les mesures envisagées pour tenter de combler le déficit, toujours plus abyssal, de la Sécurité sociale. Hausse du forfait hospitalier, baisse de remboursements de certains médicaments, réductions des tarifs de certaines professions… Chacun se demande à quelle sauce il va être mangé. Autant dire que les propos de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, qui présidait lundi la soirée de rentrée de l’Association des cadres de l’industrie pharmaceutique (ACIP), étaient très attendus. Répondant au discours de bienvenu, à la fois brillant et plein d’humour, de son président, Michel Hannoun, la ministre a d’abord tenu à rappeler sa méthode : réalisme et pragmatisme, en concertation avec les professionnels de santé. « Les difficultés passagères n’auront pas raison de cette démarche qui n’a jamais cessé de me guider », dit-elle. Allusion à la crise économique mondiale, « qui vient réduire fortement les recettes de l’Assurance-maladie et briser la spirale vertueuse dans laquelle nous étions entrés, qui devait nous conduire à l’équilibre en 2012 ».
L’équilibre attendra, donc, mais la santé, elle, n’attend pas : « il serait irréaliste de considérer que, parce que nous traversons une crise, les besoins de santé de nos concitoyens vont s’aligner à la baisse. » Pas d’autre choix que de faire le dos rond et d’accepter une augmentation temporaire de ce déficit, en attendant la sortie de la crise, indique Roselyne Bachelot. Ce fameux retour à l’équilibre n’est pas pour elle une course de vitesse, mais au contraire une course de fond, « un marathon », dit celle qui est aussi la ministre des Sports.
Un discours qui a de quoi rassuré les professionnels de santé. Néanmoins, modère-t-elle, « il existe dans les dépenses de santé des marges d’efficience ». Plutôt que de recourir à une augmentation de la CSG, le gouvernement entend exploiter ces « marges ». Mais, que les choses soient claires, « je ne souhaite pas de déremboursements », affirme Roselyne Bachelot, contrairement à ce qu’ont pu dire certains médias. Elle n’écarte pas, en revanche, l’idée « d’ajuster la prise en charge des médicaments pour lesquels l’amélioration du service médical rendu a été la moins bonne ». Quoi qu’il en soit, aucune mesure n’est encore arbitrée, confie-t-elle, tout en précisant : « je serai attentive, quoi qu’il arrive, à ne pas remettre en cause les équilibres construits année après année. »
Missions élargies pour le pharmacien.
La ministre est également longuement revenu sur la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST), « sa » loi, promulguée le 21 juillet dernier. Réforme de l’organisation hospitalière, création d’agences régionales de santé (ARS), éducation thérapeutique du patient, développement professionnel continu, réforme de la biologie, figurent parmi les mesures phares de cette loi. Sans oublier l’article 38, « qui redéfinit, en les élargissant, les missions des pharmaciens d’officine, et met en place le pharmacien correspondant, dans le cadre d’une coopération entre professionnels de santé ». Ici encore, souligne Roselyne Bachelot, l’objectif recherché est l’amélioration de la prise en charge des pathologies chroniques. Elle a aussi tenu à dire quelques mots de la réforme du libre accès. « Il y a deux ans, je vous annonçais mon intention de le mettre en place. C’est maintenant devenu une réalité qui s’intègre, progressivement et harmonieusement, à notre quotidien, affirme-t-elle. Les officines s’organisent pour offrir un espace dédié, adapté à ces médicaments et au conseil qui doit les accompagner. L’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) s’investit, en autorisant de nouveaux produits régulièrement et en développant l’information, grâce à des fiches thématiques. Les industriels adaptent leur ligne de produits pour répondre à cette nouvelle demande et les patients trouvent dans ce nouvel espace plus de choix, d’information, de transparence et de conseil pour mieux prendre en charge leur santé. »
Enfin, la ministre a confirmé la tenue, dans quelques semaines (sans doute le 22 octobre), de la quatrième réunion du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), qui sera présidée par le président de la République en personne, « afin de montrer notre détermination à demeurer un pays à la pointe dans le domaine des sciences du vivant ». Parmi les mesures prévues, « le soutien à une production de qualité en France, domaine dans lequel notre pays est l’un des leaders mondiaux ». Objectif : « garantir le maintien des volumes de production, donc de l’outil industriel et des emplois sur notre territoire ». Autres mesures annoncées : l’amélioration du recrutement en recherche clinique, la valorisation des pôles de compétitivité, de nouveaux outils de suivi épidémiologique ou encore le développement des biotechnologies et de la bioproduction. Faire de la France le pays le plus accueillant du monde pour les industries de santé, tel est le vœu de Nicolas Sarkozy. De quoi mettre du baume au cœur des industriels, d’autant que Roselyne Bachelot a terminé son discours sur cette idée, souvent défendue par le président du LEEM (les entreprises du médicament), Christian Lajoux : « en période de crise, la santé reste un formidable moteur de croissance ». Reçu cinq sur cinq par la profession, qui ne se contentera pas de belles paroles. Restera, en effet, à les traduire par des actes concrets.
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