TOUT a débuté le 7 juin 2013 par un banal rappel de lots de médicaments. Par mesure de précaution, l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) demande aux patients de rapporter chez leur pharmacien les lots Y175 et Y176 de furosémide Teva 40 mg. Trois jours plus tard, ce sont tous les lots de la spécialité qui sont rappelés. La cause ? Le 5 juin, un pharmacien de Saint-Malo découvre dans une boîte de furosémide Teva rapportée par une cliente âgée de 76 ans, un second comprimé de zopiclone - le premier aurait été retrouvé par la cliente à son domicile. L’officinal prévient aussitôt le laboratoire. L’alerte nationale est lancée. Et c’est là que tout se complique. Car au fur et à mesure que les jours passent, au lieu de se dissiper, le mystère de l’inversion des comprimés semble au contraire s’épaissir. Très vite soumises à l’inspection de l’ANSM, les chaînes de fabrication du furosémide sont rapidement mises hors de cause. De même, les milliers de boîtes ouvertes une à une par le laboratoire ne révèlent la présence d’aucun comprimé de zopiclone. L’erreur humaine, ou tout simplement la fausse alerte, sont alors évoquées. Pendant ce temps, les médias grand public s’emballent et rapportent coup sur coup des cas jugés « suspects » de décès de patients traités par le diurétique. Les analyses toxicologiques ont beau écarter la possibilité d’une inversion de médicament, la suspicion plane plusieurs semaines sur le générique Teva… Et touche l’ensemble des génériques. Ce climat de méfiance offre en effet une nouvelle occasion aux détracteurs des génériques de remonter au créneau.
« Je n’ai aucun doute sur mon alerte ! »
Au cœur de l’affaire, le témoignage du pharmacien lanceur d’alerte, qui restera longtemps muet dans les médias, et jusqu’au bout de l’affaire dans l’ombre d’un anonymat volontaire, retient l’attention et suscite quelques critiques à peine voilées. Le 24 juin, un peu pour faire taire la rumeur, mais aussi pour préciser la véritable chronologie des faits, le titulaire malouin livre finalement sa vérité au « Quotidien » : « Je n’ai aucun doute sur mon alerte ! » déclare-t-il, tout en soulignant que le laboratoire a tout de suite pris très au sérieux son signalement. Au même moment, l’ANSM considérant qu’il n’y a plus de raison de s’inquiéter, décide de lever l’alerte sur le furosémide. D’autant que le comportement désordonné de certains patients avec leur traitement fait craindre quelques accidents thérapeutiques. De son côté, le génériqueur insiste : « la sécurité des patients durant cette crise a été notre obsession », déclare au « Quotidien », Érick Roche, président de Teva France.
Le 28 juin 2013, le Parquet de Paris annonce le classement sans suite de l’affaire. Et c’est seulement quelques jours après cette décision que la vérité est connue : la patiente reconnaît que, coutumière du fait, elle a pu reconditionner elle-même les comprimés dans les mauvais blisters… Pour Érick Roche, il n’y a pas eu malveillance ni volonté de nuire, son laboratoire ne donnera pas de suite judiciaire à l’affaire. Mieux encore, cet épisode amène le génériqueur à mettre en place un groupe de travail et à lancer une vaste enquête sur la problématique de l’observance des personnes âgées polymédiquées.
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