L’OBJECTIF « générique » de 80 % pour 2010 sera-t-il atteint ? Certains en doutent. « Le taux de substitution demandé sera difficilement atteignable », estime ainsi Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Pour l’heure, les officinaux n’en sont pourtant pas loin, à 78 %, selon lui. Il manque donc deux petits points pour remplir le contrat. Optimiste, Philippe Besset, président de la commission Économie de l’officine de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), prévoit, lui, que la barre des 80 % sera bel et bien dépassée. Des efforts restent toutefois à faire sur certaines molécules, convient-il. « Le principal problème est l’arrivée tardive sur le marché des offres génériques », relève Philippe Besset. Les syndicats de pharmaciens doivent faire le point la semaine prochaine avec la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM), en même temps qu’ils commenceront à travailler sur les objectifs de 2011.
Quoi qu’il en soit, de nombreux confrères se trouvent confrontés à de nouveaux obstacles les empêchant de substituer dans les meilleures conditions. Par exemple, le GEMME* pointe les mises en garde de l’AFSSAPS sur certaines molécules, qui peuvent créer des inquiétudes et nuire à la substitution. Tout comme les changements de dosage d’un princeps, alors même que son générique arrive sur le marché. Mais surtout, tous les acteurs remarquent, à commencer par les pharmaciens, la montée en puissance d’une nouvelle pratique nuisible à la substitution : l’inscription de plus en plus fréquente de la mention « non substituable » (NS) sur les ordonnances. Les résultats de l’enquête menée par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) auprès de 3 800 pharmaciens en août sont sans appel : plus de 85 % des officinaux ayant répondu au questionnaire du syndicat affirment être confrontés à une augmentation de la mention NS sur les prescriptions. « On voit réapparaître les tampons « ne pas substituer » et les libellés « non substituables » apposés sur chaque ligne d’ordonnance et écrits à la machine », déplore ainsi Gilles Bonnefond.
« Il y a aujourd’hui un besoin urgent que l’assurance-maladie puisse mettre en place un système pour mesurer le nombre de mentions « non substituable » sur les ordonnances, tout comme elle a mesuré, avec succès, la progression des génériques », indiquait récemment au « Quotidien », Hubert Olivier, P-DG de Téva-ratiopharm et vice-président du GEMME (notre édition du 11 octobre).
Pour inverser la tendance, les pharmaciens peuvent compter sur les CAPI** dont l’un des volets est justement l’augmentation des prescriptions au sein du répertoire générique. Même si leur effet n’a pas encore été précisément mesuré, on observe déjà dans certaines régions, une corrélation entre le nombre de médecins ayant signé un CAPI et la hausse de prescriptions dans le répertoire. Mais le vice-président du GEMME se montre impatient. « Les pouvoirs publics ont aujourd’hui l’obligation de relancer une politique générique plus visible, d’agir sur le « NS », de faire en sorte que les changements de dosage entre un princeps et ses génériques ne soient pas possible », estime-t-il.
« Des marges de manœuvre existent pour développer encore le marché générique, ajoute de son côté Philippe Besset. Par exemple, sur le travail en collaboration avec les médecins, ou sur l’application raisonnée de la mention non substituable. »
** Contrat d’aide à la performance individuelle.
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