Lors de la 14e conférence annuelle organisée conjointement à Paris par « les Echos » et « le Quotidien » sur l’avenir de l’industrie pharmaceutique, un débat a été organisé autour de la question de la reconfiguration du secteur, en raison certes de la crise économique et financière, mais aussi de la remise en cause des modèles traditionnels de cette activité industrielle. Pour Yann Bonduelle, associé chez PricewaterhouseCoopers (un important cabinet d’audit et de conseil), cette reconfiguration du secteur à l’horizon 2020 constitue un impératif : « la survie de l’industrie pharmaceutique reposera sur de nouveaux modèles économiques », prévient-il. Son analyse de la situation actuelle est d’ailleurs sans concession : la productivité de la R & D (recherche et développement) est faible ; l’environnement réglementaire est de plus en plus strict, et la réputation du secteur « tend à se ternir ». Bref, « l’industrie pharmaceutique doit transformer son mode de fonctionnement pour s’adapter au monde futur », prédit sans détour Yann Bonduelle.
Pour le cabinet PricewaterhouseCoopers, « le modèle traditionnel des blockbusters (médicaments
représentant un chiffre d’affaires annuel de plus de un milliard d’euros) disparaîtra », et l’industrie pharmaceutique se scindera en deux modèles, l’un consacré aux produits de masse, l’autre aux produits spécialisés ou de niches. Enfin, l’industrie pharmaceutique se réorientera majoritairement vers la délivrance « de packages couvrant tout l’éventail des soins médicaux », glissant progressivement d’une industrie « du traitement », à une industrie « de la prévention et des soins ». Ainsi, le modèle actuel devrait évoluer vers « un business model collaboratif », ou le « profit individuel sera remplacé par le profit collectif au travers du développement des réseaux de collaboration ».
Des offres de soins de santé.
Ces réseaux de collaboration permettront de mettre sur le marché des « offres de soins de santé » qui iront bien au-delà de la seule offre de médicaments, et qui pourront proposer en outre des soins hospitaliers, des clubs de fitness et d’amincissement, des centres d’éducation thérapeutique et d’observance, etc. « S’il est mis en œuvre de manière efficace, le modèle fédéré donnera un avantage concurrentiel durable », estime Yann Bonduelle qui cite Jean-Pierre Garnier, l’ancien patron de GSK, et aujourd’hui directeur général de Pierre Fabre : « Avec le modèle pharmaceutique d’aujourd’hui, vous êtes assuré de perdre votre catalogue entier tous les dix à douze ans. » Enfin, à côté de ce modèle, pronostique encore Yann Bonduelle, subsisteront quelques très grandes entreprises qui proposeront l’ensemble de ces services, non par des réseaux de collaboration, mais par un « réseau de filiales détenues par une société mère ».
Même si la leçon est dure, elle n’en est sans doute pas moins salutaire, et les industriels présents ne l’ont guère remise en cause. Sophie Kornowski-Bonnet, présidente de Roche Pharma France, reconnaissait pour sa part qu’au cours des vingt dernières années, « le prix moyen de la R & D s’est multiplié en moyenne par dix pour un pipeline (catalogue de médicaments en développement) moyen qui s’est pour sa part divisé par trois ». Le mot de la fin revenant à Robert Dahan, président d’AstraZeneca qui, après avoir reconnu humblement ne pas comprendre « tout ce qui se passe actuellement dans le monde de la pharmacie », avouait prier parfois « pour qu’on continue à découvrir des médicaments de masse ».
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