Le premier procès au civil dans l'affaire du Lévothyrox s'est ouvert lundi. L'action collective regroupe 4 113 plaignants réclamant chacun une indemnité de 10 000 euros au laboratoire allemand Merck pour « défaut d'information » et préjudice moral. Merck réfute tout manquement de ce type et demande des expertises médicales.
Face au grand nombre de requérants, les juges lyonnais ont dû déplacer l'audience de ce lundi du tribunal vers le centre des congrès de Villeurbanne. L'un des avocats du groupe Merck, Me Étienne Kowalski, a commencé par soulever une « exception d'incompétence ». Il estime en effet que l'affaire doit être renvoyée devant le tribunal de grande instance, seul habilité à se prononcer sur des préjudices corporels, et réfute le « préjudice moral pur » plaidé par la partie adverse. Mais l'avocat toulousain à l'origine de l'action collective contre Merck, Me Christophe Lèguevaques, reste convaincu que « le sujet ce n'est pas le médicament mais l'information autour du médicament ». Ce dernier accuse le laboratoire d'avoir su « que le changement de formule allait avoir des conséquences néfastes, de faire peu de cas des malades et de privilégier les intérêts financiers de ses actionnaires sur les malades ». Il réclame pour chacun des 4 113 plaignants 5 000 euros de préjudice résultant du défaut d'information et 5 000 euros pour préjudice d'angoisse. Soit une somme totale de plus de 41 millions d'euros.
Dans une plaidoirie fleuve de trois heures qui a provoqué de nombreuses contestations dans la salle, l'un des avocats de Merck, Me Jacques-Antoine Robert, s'est attaché à démontrer que « pas une réglementation n'a été violée ». Dans un communiqué transmis en fin de journée hier, le laboratoire « rejette fermement tout manquement à son devoir d'information » puisque dans le cadre du lancement de la nouvelle formule de Lévothyrox il a lancé un plan de communication, validé par l'agence du médicament, allant « bien au-delà du minimum requis d'un envoi de courrier » aux professionnels de santé.
En outre, selon Me Robert, « dans 200 dossiers, il y a zéro pièce, des milliers d'autres sont incomplets et pour 800 il y a lieu de se poser la question ». Il juge donc nécessaire de mener des expertises médicales pour ces 800 dossiers, un préalable à toute évaluation d'un quelconque préjudice comme cela a été demandé dans un autre procès. « Le Lévothyrox permet de soigner des patients atteints de pathologies thyroïdiennes. Comment peut-on faire totalement abstraction de toute considération médicale sans même se référer à l'état de santé des patients ? Pourrait-on désormais condamner sans preuve ? », s'interroge le directeur juridique de Merck en France, Florent Bensadoun. Le délibéré est fixé au 5 mars prochain.
Avec l'AFP.
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