C’est la première fois qu’un panorama des producteurs pour tiers de médicaments et de principes actifs est dressé en France. Menée par le cabinet Alcimed, l’étude* révèle un secteur dynamique qui fait suite au transfert d’une production initialement assurée en propre par les laboratoires pharmaceutiques vers des prestataires spécialisés. Ainsi, aujourd’hui, environ un tiers de la production totale au niveau mondial serait confié à ces « producteurs pour tiers ».
En France, une quinzaine de sites ont été repris par ces acteurs depuis 2009. L’ensemble de la filière regroupe 92 entreprises ayant 150 sites de production partout sur le territoire et affichant un chiffre d’affaires de 3,6 milliards d’euros. Les producteurs pour tiers de médicaments sont au nombre de 35 dans l’Hexagone, répartis dans 71 sites de production réalisant un chiffre d’affaires d’environ 2 milliards d’euros et employant 12 000 collaborateurs. Les producteurs pour tiers de principes actifs sont 57 entreprises, possédant 79 sites de production pour un chiffre d’affaires de 1,6 milliard d’euros et un effectif de plus de 5 000 salariés. Ce sont avant tout des exportateurs : 50 % des sites exportent 80 % de leur production. Deux activités qui « contribuent positivement à la balance commerciale française », souligne Benjamin Gallezot, adjoint à la Direction générale des entreprises et chef du service de l’industrie. « Quand on sait que l’importation de produits de pays tiers peut poser problème et qu’il faut éviter de se reposer sur le marché mondial au risque de subir des pénuries durables, disposer d’une telle industrie sur notre territoire est une garantie de sécurité et de qualité », ajoute Benjamin Gallezot.
Leaders mondiaux
Les strictes normes françaises, associées au haut niveau d’expertise de la filière, devraient porter ces entreprises au premier rang de la production pharmaceutique. Mais leur offre reste tournée, à 80 %, vers les actifs chimiques (par opposition aux actifs biologiques), dont un grand nombre de molécules tombées dans le domaine public. S’ils doivent préserver leurs productions existantes, il devient urgent de capter la production de molécules de haute activité et développer leur expertise dans les actifs biologiques. Les producteurs pour tiers de principes actifs affichent une santé de fer, avec un marché en progression de 12 % entre 2010 et 2015, mais leur activité est fortement concurrencée par des homologues indiens et chinois, les leaders mondiaux du secteur. Et pour cause : les coûts de production en Asie sont au plus bas grâce à une main-d’œuvre bon marché et à une réglementation moins stricte. « Néanmoins, le secteur a connu des scandales sanitaires liés à des défauts de qualité, entraînant un renforcement des contrôles, un relèvement des normes exigées, et un certain nombre de productions ont été rapatriées en Europe, en particulier en France », note Géraldine Börtlein, directrice et cofondatrice d’Alcimed. L’occasion pour la France de mettre en avant ses atouts. Mais son offre est « peu différenciante par rapport à ses concurrents européens, d’autant que certains pays communiquent sur leur expertise et affichent des compétences tournées vers les actifs biologiques ». De leur côté, les producteurs pour tiers de médicaments réalisent surtout des formes matures, les rendant sensibles aux baisses de prix des médicaments.
Alcimed énumère « dix actions concrètes » pour renforcer la compétitivité du secteur français, parmi lesquelles « pérenniser le dispositif de suramortissement des investissements » et étendre la possibilité de bénéficier du crédit impôt recherche ; favoriser la production de génériques dès la perte de brevet du princeps ; mettre en place des offres visibles à l’international. Alcimed imagine aussi une harmonisation des normes environnementales et une meilleure prise en compte des problématiques industrielles et d’export au sein du Comité économique des produits de santé (CEPS).
* L’étude est publiée par le ministère de l’Économie et des Finances (Direction générale des entreprises), le ministère des Affaires étrangères et du Développement international, le LEEM, et le Syndicat de l’industrie chimique organique de synthèse et de la biochimie. Elle a été réalisée avec le concours de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) dans le cadre du Pôle interministériel de prospective et d’anticipation des mutations économiques (PIPAME), instance à laquelle participe une dizaine de ministères et d’organismes publics.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %