« L’AUTOMÉDICATION va dans le sens de l’histoire. Le potentiel de développement est important en France mais il manque le courage politique. » Pascal Brossard, président de l’AFIPA, est convaincu que les Français montrent les signes d’un besoin croissant d’autonomie et la volonté d’être toujours plus actifs dans la prise en charge leurs maladies bénignes. « La France et les Français sont prêts, mais il y a un décalage avec les élites. Les Français se responsabilisent pour réguler les dépenses de soins et les professionnels de santé sont bien formés pour les accompagner dans cette automédication. Il y a une amélioration de la pharmacovigilance depuis l’affaire du Médiator », acquiesce Arnaud Robinet, député UMP de la Marne et membre de la Commission des Affaires sociales à l’Assemblée nationale.
Priorité à la sécurité.
La supervision du pharmacien est la condition première d’une automédication responsable. Cette position a été partagée par tous les intervenants du forum AFIPA. Et les Français semblent y souscrire. Pour preuve, la vente en ligne des produits d’automédication reste très peu développée en France et 100 % des produits sont vendus en pharmacie. Sans surprise, la proposition du rapport de l’Inspection générale des Finances (IGF) d’ouvrir ce marché aux grandes et moyennes surfaces (GMS) n’a donc trouvé aucun défenseur. « L’automédication représente 9 % de la marge des officines. Elle permet à beaucoup de pharmacies d’exister. En Suède, la libéralisation de la vente de certains médicaments a été décidée car le maillage territorial des officines est très faible. Mais aujourd’hui, la Suède veut retirer le paracétamol des grandes surfaces car le pays a constaté un doublement des intoxications. Le conseil officinal est bel et bien une condition déterminante à une automédication responsable », argumente Alain Delgutte, président du Conseil central des pharmaciens titulaires d’officine. Un point de vue partagé par Antoine Bon, directeur général d’Urgo Santé, vice-président de l’AFIPA. « Nous ne sommes pas intéressés par une course aux volumes si la sécurité des Français est en jeu. La contrefaçon dans le médicament remboursé est un problème. Si demain, les corridors sanitaires sont ouverts vers la GMS, le risque sera accru », avertit-il.
Inscription obligatoire au DP.
De son côté, l’Ordre national des pharmaciens annonce le lancement d’un programme qualité dédié à l’accueil du patient sans ordonnance (voir notre enquête sur ce programme en page 10 et 11). Le principe : des visites aléatoires de faux patients dans les officines pour améliorer les pratiques professionnelles en termes de conseil officinal.
Pour renforcer l’implication des patients dans la gestion de leur santé et lever les freins à l’automédication, Antoine Bon est catégorique : « Il faut élargir le nombre de molécules en automédication. Chacun doit avoir le choix dans le traitement de telle ou telle pathologie. L’automédication représente 15 % de parts de marché en France contre 25 % en Europe. Qu’attendons-nous pour établir les 20, 30, 50 molécules en automédication en Europe et créer un processus de reconnaissance mutuelle en échangeant avec autres agences de sécurité du médicament ? La France disposerait ainsi d’une vision de la pharmacovigilance de ces pays. » Et d’ajouter : « il est nécessaire de simplifier la lecture du marché de l’automédication. Au lieu de raisonner en produits, raisonnons en indications. Cela permettra d’établir ce qui est pris en charge par la collectivité et ce qui est pris en charge à titre individuel. »
Malgré l’absence du sujet de l’automédication dans le projet de loi de santé publique, l’AFIPA ne lâche pas prise et multiplie les propositions à l’intention des pouvoirs publics. Entre autres : l’inscription obligatoire et systématique des produits achetés en automédication dans le dossier pharmaceutique et l’éducation du patient, dès l’école, au bon usage du médicament.
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