LA PÉRIODE choisie pour mener l’enquête* laissait présager de résultats mitigés. Le syndicat des entreprises du médicament, le LEEM, est agréablement surpris par de premières conclusions très positives. 82 % des Français font confiance aux médicaments, confiance accrue lorsqu’on leur parle de médicaments sur ordonnance (94 %) ou remboursés (93 %), d’antalgiques (92 %) ou d’antibiotiques (88 %). Les Français sont de grands consommateurs d’antibiotiques (4e rang européen en 2008 malgré un net recule entre 2000 et 2008). La confiance reste forte dans les vaccins (86 %), elle n’a finalement pas été entachée par les nombreux débats qui ont entouré la vaccination contre la grippe A. En revanche, elle est nettement moins affirmée pour les spécialités d’homéopathie (64 %), de phytothérapie (63 %), pour les compléments alimentaires (45 %) et pour les alicaments (29 %).
Laurence Bedeau, directrice chez TNS Sofres – Stratégies d’opinion, note une confiance majoritaire et solide de l’opinion, « alors même que de nombreux commentateurs pronostiquaient un impact lourd de l’affaire Mediator ». Il semble même qu’une certaine « maturité » ait fait sa place puisque les Français (94 %) sont aussi conscients que tout produit actif présente des risques.
À noter également, les médicaments sans ordonnance bénéficient d’une confiance relative (69 %), en particulier chez les hommes de plus de 50 ans. Mais l’institut d’études précise que cette confiance plus mesurée s’explique par « une image plutôt décalée des objectifs des médicaments sans ordonnance », perçus comme servant davantage à soulager (54 %) qu’à soigner (31 %) ou guérir (10 %). Pire, 14 % des Français estiment qu’ils « ne servent à rien ».
Paradoxe.
Cet observatoire sociétal du médicament relève un paradoxe. En effet, 91 % des Français estiment que, en France, « on consomme trop de médicaments », mais seulement 16 % se sentent concernés par cette surconsommation. Pour autant, ils sont 42 % à prendre des médicaments tous les jours. Un chiffre à manier avec prudence car il inclut notamment les utilisatrices de la pilule contraceptive. Néanmoins, l’étude souligne que plus de 60 % des consommateurs quotidiens sont des personnes âgées et/ou des personnes atteintes d’affection de longue durée (ALD).
Face à la maladie, 42 % des Français « attendent de voir » l’évolution de leur pathologie, 26 % consultent un médecin, 18 % se soignent avec ce qu’ils ont chez eux, 8 % attendent que ça passe et enfin 5 % seulement se rendent chez leur pharmacien. Cependant, 75 % des répondants indiquent acheter des médicaments sans ordonnance (5 % le font très souvent, 23 % souvent et 47 % rarement), en priorité pour soigner une toux ou un rhume, une migraine, ou pour des douleurs et des inflammations. Toutefois, 70 % des Français déclarent respecter à la lettre leur traitement.
Ils ont par ailleurs tendance à se sentir perdus face à l’offre pharmaceutique, jugeant qu’il y a trop de médicaments différents pour soigner les mêmes maladies (80 %) et que les conditionnements sont souvent inadaptés à la durée du traitement.
Le lien n’est pas rompu.
Quand ils recherchent des informations sur la santé et les médicaments, les Français font principalement confiance aux professionnels de santé (93 %), en particulier au médecin (82 %) et au pharmacien (57 %). Ils sont bien plus sceptiques concernant les informations fournies par les médias (7 %), leurs proches (7 %), les associations de patients (1 %), les institutions publiques (2 %) et les entreprises du médicament (1 %). Malheureusement, ils jugent l’information délivrée par leur médecin insuffisante (40 %) et n’hésitent pas à chercher par eux-mêmes des informations sur leur prescription. Ils ne sont d’ailleurs que 13 % à ne jamais lire la notice.
Quant à la vision des Français concernant l’industrie pharmaceutique, elle est partagée entre reconnaissance de l’acteur économique, reproche de faire des bénéfices sur la santé, sentiment fort en faveur du progrès médical et scientifique et espoirs importants dans la découverte future de traitements efficaces contre la douleur, le SIDA, le diabète, les maladies cardio-vasculaires, le cancer… Le rôle positif des entreprises du médicament est terni par un déficit d’image entretenu par un fort contexte de défiance « à l’égard des institutions et des puissants ».
« Cette étude est très contrastée, mais elle nous montre que le lien n’est pas rompu avec les Français. Ils sont matures et responsables, ils ne s’en laissent pas compter et ils ont une relation personnelle avec le médicament. Cet observatoire sociétal du médicament est annuel et nous permettra de suivre l’évolution du rapport des Français avec le médicament », souligne Christian Lajoux, président du LEEM.
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