« POURQUOI dois-je faire tester mon ADN ? Connaître son passé, améliorer son futur, gagner la paix de l’esprit que procure le savoir. » Telle est la promesse alléchante que l’on peut lire sur le site Internet de la firme américaine Pathway Genomics. Et pour aller beaucoup plus loin, cette société de biotechnologies a annoncé, la semaine dernière, qu’elle allait distribuer ses tests génétiques personnalisés dans 7 500 pharmacies de la chaîne Walgreen. La mise à disposition du grand public d’un tel éventail de tests génétiques commercialisé à une aussi grande échelle pour une consommation de masse, devait constituer une première. Le projet est pour l’heure suspendu. « Nous avons décidé de ne pas aller plus loin concernant la vente des produits Pathway à nos clients jusqu’à ce que nous ayons une idée plus claire sur cette question », a indiqué Walgreen dans un communiqué. La chaîne de pharmacies précise avoir pris cette décision à la lumière « des discussions en cours » entre l’autorité américaine des médicaments (FDA) et Pathway Genomics. Ce type de produits « doit être approuvé par la FDA », a indiqué un porte-parole de l’autorité des médicaments, Dick Thompson, ajoutant que Pathway Genomics prétendait que les tests n’entraient pas dans cette gamme. « Nous leur avons envoyé une lettre leur demandant d’expliquer comment ils étaient arrivés à cette conclusion. Nous n’avons pas encore reçu de réponse », a souligné M. Thompson. L’approbation des tests n’est pas exclue, a poursuivi le porte-parole, mais la FDA a besoin de plus d’informations. « Jusqu’à quel point est-ce fiable ? », s’est-il par ailleurs interrogé.
Résultats via Internet.
Depuis des années, des firmes de génomiques proposent via Internet des tests génétiques et des tests de paternité et de descendance sont déjà largement disponibles dans les pharmacies de détail aux États-Unis. Le kit proposé par Pathway Genomics, appelé « Insight Saliva Collection », permet de recueillir un échantillon de salive, selon des instructions simples, et contient une enveloppe affranchie pour le renvoyer à leurs laboratoires pour analyse. Le kit, vendu à un prix variant de 20 à 30 dollars, permettrait de tester la réponse à certains médicaments (anticoagulants, tamoxifène), la susceptibilité à 23 maladies dont le cancer du poumon. L’Association de pathologie moléculaire (Association for Molecular Pathology), une organisation internationale regroupant près de 2 000 experts, médecins et chercheurs, s’est émue de l’utilisation de tels tests en dehors d’un cadre strictement médical. L’AMP s’inquiète de « l’accès direct du public à des tests génétiques qui conduisent à des prédictions encore incertaines et dont l’utilité sur le plan médical n’a pas été prouvée ». La diffusion des tests génétiques (par Internet notamment) inquiète de nombreuses institutions françaises. En décembre 2009, l’Académie nationale de médecine indiquait qu’il était aujourd’hui illusoire, face à un marché en expansion, de s’opposer à leur diffusion. « On ne peut qu’encadrer, informer, et faire en sorte que l’anonymat et la volonté des personnes soient respectés au maximum », indiquait-elle.
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