LE VOCABULAIRE pharmaceutique s’enrichit régulièrement. Tout récemment, le terme de « biosimilaire » a ainsi fait son apparition avec l’arrivée dans les pharmacies de Ratiograstim des laboratoires ratiopharm (« le Quotidien » du 16 mars). Et de nouvelles interrogations ont surgi au comptoir. Comme par exemple, la question de la substitution. Même s’il présente les mêmes caractéristiques que le princeps (principe actif, propriétés physico-chimiques et biologiques, forme pharmaceutique), un médicament biosimilaire n’est pas substituable. Tout simplement parce qu’il ne possède pas le statut de générique. La responsabilité de recourir, ou pas, au biosimilaire revient donc au prescripteur.
Autre particularité de ces médicaments : pour obtenir leur AMM, ils doivent présenter un plan de développement très complet, plus complexe que celui demandé aux génériques classiques, qui doivent seulement apporter la preuve de leur bioéquivalence. L’EMEA (Agence européenne pour l’évaluation des médicaments) établit ainsi un système de guidelines structuré de manière hiérarchique. Tandis que le coût et le temps de développement d’un générique requièrent 1,5 million d’euros et d’environ trois ans de travail, la mise au point de biosimilaires coûte de 5 à 100 millions d’euros et s’étale sur six à neuf ans.
Un cahier des charges exigeant.
Le procédé de fabrication des biosimilaires est également étroitement contrôlé par l’EMEA. Concrètement, cette spécialité est d’abord un médicament biologique, c’est-à-dire fabriqué par un organisme vivant (bactéries, levures, cellules de mammifères). La complexité des molécules ainsi produites (protéines, anticorps…) rend nécessaire le suivi de recommandations précises et exigeantes en termes de qualité, d’efficacité et de sécurité (virale, immunogène). En effet, la démonstration de la biosimilarité peut s’avérer très complexe car les substances biologiques sont difficiles, voire impossibles à caractériser totalement d’un point de vue physico-chimique. C’est le propre du vivant. De même, certaines caractéristiques du produit, telles que le profil en impuretés, la glycosylation et la structure tridimensionnelle dépendent étroitement du processus de production. Et le moindre petit écart peut avoir de grandes conséquences sur le produit final. Des modifications dans les procédés de fabrication de l’Eprex (EPO) ont ainsi entraîné la synthèse d’anticorps neutralisants chez certains patients traités.
Ces différences, liées à la variabilité de la matière première et aux processus de fabrication, nécessitent des études précliniques et cliniques comparatives de phases I et III voire IV, avec démonstration d’équivalence thérapeutique, d’efficacité et d’immunogénicité. La durée de ces essais peut porter sur plus de douze mois. Les biosimilaires font également l’objet d’un suivi de pharmacovigilance renforcé : un plan de gestion des risques (PGR) est demandé en post-AMM pour évaluer les dangers potentiels liés au produit, en particulier immunologiques. À noter, enfin, que leur qualité et leur stabilité peuvent être optimisées par rapport à celles du princeps en termes de pureté, de biodisponibilité et de galénique.
Un meilleur accès aux traitements.
On attend également des biosimilaires qu’ils améliorent l’accessibilité au traitement. En effet, les produits princeps issus des biotechnologies sont encore très onéreux. La voie de développement des biosimilaires apparaît dans ce contexte comme l’une des solutions possibles, puisqu’elle permettrait à la collectivité de réduire les dépenses de santé de 20 % en moyenne par rapport au princeps. Ce qui représente tout de même la modique somme de 1,6 milliard d’euros par an.
Cette nouvelle génération de biomédicaments, notamment pour des raisons économiques, pourrait prendre de plus en plus d’importance dans le traitement de nombreuses pathologies. Elle permettrait aussi un meilleur accès des patients à des médicaments de haute technologie. La réduction des dépenses de santé générée devrait en outre autoriser le redéploiement des ressources économisées vers la recherche et le financement de nouvelles molécules.
D’ici à 2010, les observateurs du marché prédisent une croissance des médicaments « biotech » de 12 à 15 % par an. Ce potentiel requiert certes une expertise et des investissements considérables. Mais plusieurs laboratoires ont déjà compris l’importance d’investir dans ces produits qui pourraient être le prochain relais de croissance du marché générique.
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