La France compte 271 sites de production pharmaceutique, parmi lesquels on trouve 35 sites de bioproduction, dont 32 ont répondu aux questions d’une enquête menée par AEC Partners. La cartographie de la bioproduction, dévoilée jeudi dernier lors d’un colloque du LEEM, montre que la grande majorité de ces sites appartient à des groupes français. Un signe de manque d’attractivité. Autre point faible : la bioproduction française concerne principalement des biomédicaments matures comme les protéines recombinantes et les vaccins, donc en décalage avec la demande prévisible. Le déclin de la France dans le domaine a commencé. Sur les 98 AMM européennes octroyées à des médicaments biologiques entre 2012 et 2017, seulement 7 médicaments ont été produits en France. Après avoir été leader de la production de médicaments en Europe de 1995 à 2008, la France occupe désormais la 4e place derrière la Suisse, l’Allemagne et l’Italie. Entre 2004 et 2014, le chiffre d’affaires de la production pharmaceutique de la France est passé de 33,1 à 21 milliards d’euros, soit une érosion de 37 %.
« Rater le virage de la bioproduction, c’est rater le virage de la médecine de demain », explique Patrick Errard, président du LEEM. Le pays doit « reprendre la tête de peloton » en Europe pour développer la médecine de demain, c’est-à-dire « la médecine biotechnologique, régénérative, génétique et biosimilaire, celle qui va trouver des solutions dans le cancer, des pistes dans les neurosciences, qui va réparer ce qu’on pensait irréparable. Si on veut que nos concitoyens en bénéficient le plus vite possible, il faut un continuum entre la recherche, le développement, la mise sur le marché précoce et rapide, et donc la production de ces différentes technologies », ajoute Patrick Errard.
Réussir la mutation
Pour AEC Partners, la France accuse un manque de volonté politique et une visibilité médiocre de la plateforme existante. Les solutions ? Face au réseau dispersé de structures de petite taille, la mise en place d’un guichet unique permettrait de promouvoir l’offre de bioproduction à l’international. En outre, AEC Partners préconise de favoriser l’émergence d’un acteur référent, capable de produire pour le compte de tiers des lots cliniques et commerciaux, en particulier dans les thérapies innovantes.
Rien de plus, remarque Patrick Errard, que ce qui figure dans « le contrat de mandature » proposé par le LEEM, qui appelle à « renforcer les performances industrielles françaises et réussir la mutation de la production pharmaceutique chimique vers ces nouvelles technologies ». Qui prévoit aussi de « développer la filière d’excellence des médicaments de thérapie innovante » et promeut « l’idée d’une mission centralisée autour de French Healthcare pour concentrer l’offre et polariser les investissements et l’attractivité ». Des arguments affûtés pour le Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) le 9 juillet prochain. Présente au colloque, la secrétaire d’État Delphine Gény-Stephann a assuré que le gouvernement allait « simplifier, renforcer l'efficience administrative, développer l'innovation et créer les conditions de croissance d'une industrie de santé toujours plus forte et de qualité ».
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