LES CAUSES sont forcément multifactorielles. L’effet de la crise, le manque de délistage d’envergure, l’absence de pathologies, la baisse de la fréquentation des officines (due notamment à la baisse des prescriptions) sont l’ensemble des éléments actuellement pointés du doigt. Toujours est-il que, selon les dernières données livrées par Celtipharm sur la base d’un panel de 3 000 pharmacies, le chiffre d’affaires de l’automédication s’affaisse de 2,2 % en cumul fixe annuel à septembre 2013, en comparaison avec la même période en 2012*.
Une mauvaise nouvelle aux yeux de l’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA), qui défend depuis des années l’automédication (c’est-à-dire le recours aux médicaments de prescription médicale facultative) comme la première étape du parcours de soins. Ses avantages sont multiples : des économies pour la Sécurité sociale, un désengorgement des urgences hospitalières et des cabinets de généralistes, et une autonomisation du patient pris en charge par le pharmacien. Pour preuve, l’AFIPA a fait ses calculs en imaginant que 10 % des actes d’automédication repassaient par une consultation médicale. Résultats : « un alourdissement de la charge de travail des médecins généralistes de 5,45 heures par semaine, un coût additionnel pour la collectivité de 622 millions d’euros et, par ricochet, une aggravation de la charge des services d’urgence, déjà à 108 % de leurs capacités », décrit la déléguée générale de l’AFIPA, Daphné Lecomte-Somaggio.
À l’inverse, le passage d’un médicament du statut de prescription obligatoire à celui de prescription facultative permet de nouvelles économies à ne pas négliger pour les pouvoirs publics. Ainsi, le délistage complet de 22 molécules recommandées dans 14 indications serait générateur d’une économie de 535 millions d’euros par an pour la Sécurité sociale. Conscient qu’un délistage de cette ampleur ne pourra pas intervenir du jour au lendemain, l’AFIPA espère que le marché bénéficiera de différentes mesures d’accompagnement. À commencer par « une fiscalité équilibrée et souple », une allusion à l’augmentation de la TVA, de 7 % à 10 % au 1er janvier 2014, pour l’ensemble des médicaments de prescription médicale facultative (PMF). « Cela va pénaliser le marché d’automédication car ce changement de TVA va entraîner une hausse des prix de 3 %. C’est un véritable manque de reconnaissance pour le médicament d’automédication, qui n’est pas considéré comme un produit de première nécessité », déplore Daphné Lecomte-Somaggio.
Dans ce contexte, l’AFIPA espère toujours une grande campagne d’information sur l’automédication menée par les pouvoirs publics auprès des patients. « On aimerait que l’automédication devienne un réflexe installé dans un cadre sécurisé et plus encore, un véritable comportement, comme c’est le cas dans d’autres pays. Nous prenons la route du « selfcare ». Cela veut dire que le cadre s’élargit. Un patient en insuffisance veineuse peut prendre un veinotonique (médicament), porter des bas de contention (dispositif médical) et choisir des compléments alimentaires en prévention », explique daphné Lecomte-Somaggio. Cela signerait la levée des frontières entre les produits de soins. « On sort du champ restrictif de l’AMM pour aller vers un comportement global. »
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