LES INDUSTRIELS français du médicament regroupés au sein du G5 santé* sont inquiets. Dans le cadre des 2e Rencontres qu’ils organisaient la semaine dernière, consacrées cette fois à l’innovation en production, ils ont lancé un cri d’alerte en direction du gouvernement et signé un appel solennel qu’ils ont remis au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. Dans cet appel, les membres du G5 santé dénoncent un manque de cohérence entre une politique industrielle ambitieuse pour une filière désignée comme stratégique et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2014 qui, selon eux, est à même d’affaiblir fortement leurs entreprises. « Les efforts demandés sont disproportionnés, estime Marc de Garidel, président du G5 santé et P-DG du groupe Ipsen. Tandis que nos entreprises représentent 15 % des dépenses de santé, notre contribution au déficit de la Sécurité sociale s’élève à 50 % des économies. » Les industriels considèrent également que ce PLFSS 2014 est en totale contradiction avec les engagements signés en juillet par le gouvernement dans le cadre du CSIS** et du Contrat de filière santé. En particulier, l’élargissement du droit de substitution des pharmaciens aux biosimilaires. Christopher Viehbacher, directeur général de Sanofi, y voit carrément « un problème grave de santé publique ». Selon lui, ce droit fait même figure d’exception au sein des pays développés.
Arnaud Montebourg acquiesce. « Des choix ont été faits et arbitrés par le Premier ministre », indique le ministre du Redressement productif, tout en assurant aux membres du G5 santé que l’État est à leurs côtés. Pour preuve, détaille Arnaud Montebourg, les 580 millions d’euros accordés aux industries de santé au titre du crédit impôt recherche, soit 11,2 % des sommes allouées. De même, 190 projets en santé ont été retenus dans le cadre du grand emprunt, ce qui représente une aide de 1,9 milliard d’euros, et 400 millions d’euros supplémentaires ont été annoncés dans les nouveaux investissements d’avenir. « Tout ça, c’est fait pour vous aider », insiste le ministre, qui promet également de porter leurs contre-propositions d’économies à la ministre de la Santé. « Nous allons les mettre dans le débat interministériel et les étudier », promet Arnaud Montebourg. Parmi les pistes envisagées en lieu et place des baisses de prix prévues par le PLFSS, les dirigeants du G5 prônent le développement de l’automédication dans le cadre d’un parcours de soins, avec un rôle accru pour le pharmacien d’officine. Économies espérées : 1,7 milliard d’euros. Ils estiment également que des économies potentielles existent dans le secteur hospitalier, à hauteur de 5 à 15 milliards d’euros.
** Conseil stratégique des industries de santé.
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