Le marché des médicaments sans ordonnance fait grise mine. En 2019, son chiffre d’affaires s’affiche à 2,08 milliards d’euros, en baisse de 4 %, après avoir chuté de 4,6 % en 2018 et de 3,7 % en 2017. Et pour la deuxième année consécutive, les segments des dispositifs médicaux non prescrits (+5,6 % à 643 millions d’euros) et des compléments alimentaires (+5,6 % à 988 millions d’euros) ne permettent pas au marché global du selfcare d’accéder à la croissance. En 2019, son évolution est très exactement de 0 % pour un chiffre d’affaires de 3,7 milliards d’euros.
Historiquement fragile en France, le marché de l’automédication est impacté depuis plusieurs années par des changements réglementaires visant à augmenter la sécurité des patients et améliorer leur prise en charge. Outre le relistage du nifuroxazide en juillet dernier, l’AFIPA cite la sortie du libre accès des substituts nicotiniques à la suite de leur remboursement ou encore le déremboursement de l’homéopathie. L’exercice 2020 va certainement souffrir à son tour de la sortie du libre accès des médicaments contenant du paracétamol, de l’ibuprofène ou de l’aspirine ou du renforcement de la sécurité de dispensation des vasoconstricteurs.
Parcours d’automédication sécurisé
Face à un contexte sécuritaire défavorable au développement du selfcare, l’AFIPA mise sur trois piliers : le dialogue avec ses adhérents pour proposer des chartes de bonnes pratiques, un parcours d’automédication sécurisé et responsable s’appuyant sur le pharmacien et une nouvelle vision stratégique en cours d’élaboration. Le but : améliorer l’accès aux soins qui sera sécurisé par le pharmacien et contribuer aux économies pour la Sécurité sociale. Notant « un vrai attrait des Français pour le selfcare » et une « confiance renouvelée pour leur pharmacien » comme le prouve l’engouement pour la vaccination antigrippale à l’officine, l’AFIPA finalise un projet de parcours de soins officinal s’appuyant sur des arbres décisionnels, afin de créer chez les patients le réflexe pharmacien.
Des discussions sont en cours avec les représentants de l’industrie pharmaceutique et des pharmaciens d’officine pour tester ce projet dans deux indications (nez bouché et allergie) d’ici à la fin de l’année. « Le parcours de soins officinal doit permettre un recours plus fréquent et sécurisé à des soins de premier recours auprès des pharmacies françaises. Un recours qui doit aussi être documenté grâce à l'inscription de chaque dispensation dans le dossier pharmaceutique, ce qui oblige non seulement à consulter l’historique de dispensation mais aussi à abonder le profil du patient pour de futures dispensations », explique Luc Besançon, nouveau délégué général de l’AFIPA.
Maître du jeu
Pour l’association, ce « réflexe pharmacie » répond aussi à l’évolution des comportements des Français, toujours plus acteurs de leur santé, tout en favorisant accessibilité et proximité dans un contexte de réorganisation de l’offre de soins autour du pharmacien. « Depuis toujours, l’AFIPA est positionnée en faveur du pharmacien dont le maillage est suffisant en France et l’accompagnement patient optimal pour renforcer la sécurité de nos produits et maximiser leur bon usage », rappelle Christophe de la Fouchardière, président de l’association.
C’est pourquoi le projet d’assouplissement des règles encadrant la vente en ligne de médicaments, présenté mercredi dernier en Conseil des ministres, a de quoi le surprendre. « Dernièrement les autorités ont choisi de repasser derrière le comptoir des médicaments comme le paracétamol ou l’ibuprofène et maintenant, le gouvernement envisage de faciliter leur vente sur Internet, sans le conseil du pharmacien, relève Christophe de la Fouchardière. Ces mesures ne vont pas dans le même sens. L’AFIPA défend le conseil du pharmacien pour accompagner le patient dans ses choix et assurer une dispensation efficace. Nous allons suivre attentivement l’évolution de ce projet de loi pour nous assurer que le pharmacien reste maître du jeu et garant de la sécurité des médicaments. »
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %