LES VENTES DE MÉDICAMENTS dans le monde s’élèvent à 775 milliards de dollars en 2008, soit une progression de 4,8 % à taux de change constant. Le taux « le plus faible de ces dix dernières années », qui confirme « la tendance à la décélération du marché mondial déjà observée », indique IMS Health.
Cette érosion continue se retrouve sur les marchés habituellement les plus porteurs en chiffre d’affaires, qui enregistrent tous une croissance inférieure à 5 %. Le Japon progresse ainsi de 2 à 3 %, l’Europe de l’ouest se situe à environ +5 % depuis quatre ans et les États-Unis ont vite oublié l’embellie due à la loi de modernisation de Medicare* en 2006. Selon toute vraisemblance, la situation va s’aggraver sur l’exercice 2009. « Seul le marché de ce que nous appelons désormais les "pharémergents" (Brésil, Russie, Inde, Chine, Turquie, Mexique et Corée du Sud) poursuit une croissance à deux chiffres, à près de 14 %, une performance à peine inférieure aux 15 % de 2007 », souligne Corinne Segalen, présidente d’IMS Health France. Il y a quelques années, La croissance à deux chiffres de ces marchés émergents était systématiquement rapportée à la petite taille du marché et le peu d’impact de cette forte croissance au global. Mais à force d’avoir chaque année une croissance à deux chiffres, ils sont devenus des acteurs importants, au point d’être désormais le principal relais de croissance de l’industrie du médicament.
Les « pharémergents ».
« Ces pays représentent d’ores et déjà 12 % du marché mondial en valeur et leur part atteindra 17 % en 2012. À cette date, le marché américain - qui représentait plus de 50 % du marché mondial en valeur à l’orée des années 2000 - ne comptera plus que pour un tiers », précise Corinne Segalen.
De son côté, la Chine sera passée de la 9e place en 2003 à la 5e en 2008 pour occuper la 3e marche du podium en 2012 L’intégralité des « pharémergents » devraient améliorer leur position d’ici à 2012.
Concernant les types de médicaments distribués, les classes thérapeutiques dites généralistes représentent encore près de 60 % du marché en 2008, mais leur croissance est faible, à +1,9 %. De leur côté, les médicaments de spécialités enregistrent une hausse de 8,1 %. Ces chiffres globaux changent complètement selon que l’on se penche sur les « pharémergents », où les produits généralistes ont encore la part belle, tandis que les marchés matures donnent leur préférence aux produits de spécialité. Le Top 10 mondial en valeur ne compte que deux médicaments de spécialité, Enbrel, en 5e position et Remicade, à la 8e place. Tahor/Lipitor reste très largement en tête avec un chiffre d’affaires de 13 milliards de dollars, devant Plavix, Nexium/Inexium et Seretide.
Baisses de prix.
La croissance des génériques, à +3,5 % en valeur, est en dessous de la croissance du marché pharmaceutique mondial. « Ils croissent plus vite en volume mais ils ont subi des baisses de prix importantes en 2008 ; ils gardent néanmoins un avenir glorieux », ajoute Corinne Segalen. À condition de savoir s’adapter au nouveau panorama industriel. En effet, si le pic des pertes de brevets se situe en 2011, ils seront de moins en moins nombreux à tomber dans le domaine public, en particulier pour des blockbusters comme Lipitor, alors même que les produits de biotechnologie prennent de l’importance. Des produits difficiles à copier, puisque biologiques, et qui n’ont pas le statut du générique, donc ne peuvent être substitués par le pharmacien mais uniquement prescrits. En revanche, les produits d’automédication ont contribué à la croissance mondiale avec des ventes en hausse de 6,7 %, à 87 milliards de dollars.
À cela s’ajoute la baisse du nombre de médicaments lancés sur le marché, un chiffre d’affaires qui va continuer à subir les effets de change, un potentiel de lancement de 6 à 10 blockbusters…
Effets de la crise.
« La croissance du marché mondial se situera entre +2,5 et +3,5 % en dollars constants. Les États-Unis vont enregistrer leur première croissance négative, située entre -1 et -2 %. L’Europe de l’ouest et le Canada seront entre +1 et +4 %, tandis que les pays émergents conserveront leur croissance à deux chiffres, entre +13 et 16 %. Nous prévoyons une petite reprise pour 2010 », espère l’économiste de la santé Claude Le Pen.
Quant aux effets de la crise mondiale en France, ils restent modérés en France. Selon Claude Le Pen, son impact « sera plus faible dans les pays où existent des systèmes universels d’assurance-maladie qui ont pour effet de déconnecter la demande de médicaments de la situation des patients vis-à-vis de l’emploi ». Ainsi, les États-Unis sont très exposés et devraient connaître une évolution négative du marché pharmaceutique en 2009. En Europe, le risque repose sur les gouvernements qui « peuvent être tentés de peser sur l’industrie pharmaceutique - et plus généralement sur les professions de santé - pour contenir la dégradation des comptes publics liée à la baisse des rentrées sociales et fiscales ». En tout état de cause, de telles mesures, si elles devaient intervenir, apparaîtraient plutôt en 2010, voire en 2011.
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