« DÉNONCER les erreurs », « fustiger les mensonges », « démonter les fausses bonnes idées ». Dès l’ouverture du 4e Forum de l’automédication et du selfcare, le 17 septembre à Paris, le ton est donné. L’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA) compte bien remettre les pendules à l’heure, après « les navrantes actualités de cet été », dixit Pascal Brossard, président de l’AFIPA. « Les prix des médicaments en automédication sont trop chers en France ? Soit l’Inspection Générale des Finances (IGF) utilise des études de mauvaise qualité, soit elle ne sait pas lire les études que nous mettons à la disposition de tous les citoyens. Ces études de référence montrent, sans aucune discussion, que les prix en France sont les plus bas d’Europe et de loin », tacle-t-il.
« L’évolution du prix des médicaments en automédication est inférieure à l’inflation depuis 2008. L’IGF a oublié de rappeler que la TVA a augmenté à deux reprises. La très forte concurrence entre les industriels et entre les officines génère des prix bas. Et l’écart des prix entre les officines ne cesse de diminuer depuis 2008. La dépense moyenne en France pour l’automédication est de 3,50 euros par mois et par personne. En imaginant que l’on fait baisser encore les prix, le gain de pouvoir d’achat des Français serait de 70 centimes d’euros par mois et par personne », argue Pascal Brossard.
Paranoïa anti-labo.
Le président de l’AFIPA s’agace de l’attentisme, de la frilosité et du « manque de vision » des pouvoirs publics français alors que l’automédication a le vent en poupe aussi bien en Europe qu’à l’international. « La plupart des pays ont compris que l’automédication est un moyen simple, efficace et qui permet de faire des économies pour le système de santé. Il faut sortir des effets d’annonce sur les dépenses de santé, et pérenniser le système de la Sécurité sociale. Il faut en finir avec la paranoïa anti-labo et la démagogie qui flatte le grand public », critique-t-il. Si la liste des médicaments en vente libre était enrichie, à l’instar d’autres pays européens, les économies pourraient dépasser les 500 millions d’euros.
Observateur extérieur, Hubertus Cranz, Directeur général de l’Association européenne des producteurs de spécialités pharmaceutiques grand public (AESGP) atteste de la frilosité française à monter dans le train de l’automédication. « Il existe en France une culture difficile à changer. Il y a un travail de conviction à faire auprès des politiques, des administrations, des citoyens pour montrer ce qui marche ailleurs. À l’échelon européen et international, le selfcare est désormais une priorité politique et de santé. Au sein de l’Union européenne, la reconnaissance de la valeur économique et sociale de l’automédication responsable est assumée pour des raisons économiques et au regard du vieillissement démographique. La Commission européenne va lancer une étude pour évaluer l’intérêt de l’automédication et créer une plateforme d’experts pour promouvoir l’automédication auprès des États membres », explique-t-il.
Exemple cité, l’Angleterre compte parmi les fervents adeptes de l’automédication. Et ça marche. Ainsi, la campagne « Treat yourself better with pharmacist advices » porte ses fruits : moins de consultations du médecin en cas de maladies bénignes et sensibilisation des pharmaciens sur le traitement en automédication des rhumes, de la toux.
Partout dans le monde.
Après l’Australie et les États-Unis, c’est désormais au tour du Japon de miser sur le développement de l’automédication pour faire face à l’explosion des dépenses de santé en raison du vieillissement de sa population.
« Le Japon a adopté en mai dernier une loi pour stimuler l’industrie de la santé et développer l’offre des soins médicaux. La vente libre des médicaments sur Internet est autorisée depuis décembre 2013. Le pays mise également sur la mise à disposition des tests sanguins simples dans les pharmaciens, des tests de glycémie et sur une politique volontariste de promotion des switches. La population est sensible à cette politique en faveur du selfcare », détaille Shinsuke Murano, Premier secrétaire près l’ambassade du Japon en France chargé de la santé, du travail et des affaires sociales.
« Ayons l’humilité et le courage de penser que d’autres pays font mieux que nous, en Europe et à l’international ! Allons voir leurs solutions pour les appliquer à court terme car nous n’avons plus le temps ! », conclut Pascal Brossard. Reste à savoir si les autorités publiques, jusqu’à présent très timorées, seront sensibles à cette invitation au voyage…
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