Production de médicaments

La France peut-elle retrouver la première place ?

Par
Publié le 24/11/2020
Article réservé aux abonnés
Leader européen jusqu’en 2008, la France a progressivement reculé sur le plan de la production de médicaments en Europe. Le LEEM alerte depuis plusieurs années sur les conséquences sanitaires du manque d’attractivité et de compétitivité du territoire. Un message désormais entendu par les pouvoirs publics, prêts à changer la donne. Le LEEM présente ses solutions pour y parvenir.

La France est aujourd’hui le 4e producteur de médicaments en Europe, derrière la Suisse, l’Allemagne et l’Italie, talonnée par l’Irlande et le Royaume-Uni. Si la situation est délicate, elle n’est pas irréversible selon le LEEM. Pour regagner les jalons perdus, il faut relever un double défi : « Renforcer la compétitivité des sites de production pour les médicaments matures tout en accélérant les capacités de production des biomédicaments dont les thérapies innovantes. »

Actuellement, l’Hexagone compte 271 sites industriels majoritairement tournés vers la production de médicaments chimiques, parmi lesquels on dénombre 32 sites de bioproduction. Sans surprise le portefeuille de production concerne des produits matures dans environ 65 % des cas, c’est-à-dire des médicaments dont l’autorisation de mise sur le marché (AMM) date au moins de 12 ans et donc des génériques. En revanche, les thérapies d’avenir sont moins fabriquées en France. Sur 200 médicaments innovants chimiques, seulement 21 sont fabriqués en France. Et sur 115 biomédicaments innovants, c’est le cas de seulement 4 d’entre eux. Cependant, la France évolue dans le bon sens depuis quelques années. Preuve en est : 84 médicaments de thérapie innovante sont en développement en 2019 en France, la plaçant au 2e rang européen après le Royaume-Uni et devant l'Allemagne, la Suisse et la Belgique.

Pacte industriel

L’idée du LEEM est donc de « réindustrialiser en maintenant et en renforçant les usines françaises » à la fois en misant sur savoir-faire historique du pays et en attirant sur le territoire des productions de médicaments innovants. Il dévoile un « pacte industriel » en 10 propositions. Pour favoriser l’investissement visant à moderniser les sites existant et à rendre le territoire attractif, il préconise d’appliquer une fiscalité adaptée (dispositif de suramortissement) et demande une reconnaissance de ces investissements lors des négociations conventionnelles. Afin de sécuriser l’approvisionnement, les industriels du médicament recommandent la fixation d’un prix plancher pour certains médicaments matures exposés aux ruptures d’approvisionnement en Europe pour des raisons économiques. Ils proposent d’inclure un critère d’origine dans les appels d’offres hospitaliers et de créer un « marquage d’origine » sur les conditionnements de médicaments pour valoriser la production européenne. Le LEEM souhaite également un assouplissement réglementaire pour faciliter la production rapide sur des sites alternatifs et propose d’y travailler avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Quant à rendre le territoire attractif aux thérapies innovantes, le Pacte industriel imagine un crédit d’impôt pour le développement industriel, ainsi que la création d’un fonds stratégique d’investissement dédié à la bioproduction. Là encore, une adaptation de la réglementation propre aux biothérapies lui paraît nécessaire. Enfin, la proposition n° 10 souhaite encourager l’émergence de start-up en créant le statut de « jeune entreprise productrice de biothérapies innovantes ».

Mélanie Mazière

Source : Le Quotidien du Pharmacien