Parce que la France et l’Italie possèdent de nombreux points de convergence et qu’elles font face à des défis similaires, il a semblé évident aux filiales françaises de groupes pharmaceutiques italiens de fonder un club pour obtenir une meilleure visibilité et valoriser leur activité. Les membres – Menarini, Zambon, Recordati, Chiesi, Italfarmaco (dont sa filiale Effik), Alfasigma et Leadant Biosciences – ont organisé la première journée de rencontre du club Léonard de Vinci Pharma en octobre. À eux sept, ils représentent un chiffre d’affaires en France de plus de 800 millions d’euros et comptabilisent 1 665 collaborateurs sur le sol français.
« En termes de marché pharmaceutique, l’Italie et la France sont très proches, souligne Catherine Compagne, vice-présidente du club et directrice générale d’Alfasigma, ensemble ils pèsent 25 % du marché européen. » Si l’Italie présente une production plus dynamique, la France se démarque par son investissement dans la recherche. « Il existe des zones d’ombre, ou en tout cas des éléments qui peuvent sembler contradictoires à nos maisons mères quand on présente le marché français », continue Catherine Compagne. Sont notamment cités une fiscalité lourde du médicament, la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) qui utilise traditionnellement le médicament comme variable d’ajustement, et une évaluation médico-économique difficile à appréhender.
Régulation
Des propos confirmés par le Pr Pierre Levy, directeur du mastère évaluation médico-économique et accès au marché de l’université Paris-Dauphine. Le système d’évaluation français accorde difficilement le statut d’innovation et dispose d’un arsenal de régulation qui agit tout au long de la vie du médicament et érode rapidement les prix. Résultat : une dépense maîtrisée, mais une perte d’attractivité de la France. D’autant qu’au-delà du prix négocié avec le Comité économique des produits de santé (CEPS) et conditionné par la valeur clinique attribuée par la Commission de transparence, d’autres moyens de régulation peuvent être actionnés comme les accords prix volume donnant lieu à des remises. « En 2018, les laboratoires pharmaceutiques ont déboursé près de 2 milliards d’euros de remises. Si on y ajoute les baisses de prix autoritaires décidées dans les LFSS et le recours aux génériques, on parvient en 2018 à une dépense totale concernant le médicament en baisse par rapport en 2017 ! », s’étonne Pierre Levy.
Attractivité
Néanmoins, l’attractivité de la France gagne des points, affirme Philippe Lamoureux, directeur général du LEEM. Malgré le « tragique de répétition des LFSS », il note une « prise de conscience des enjeux industriels et des enjeux de la recherche » révélée par le conseil stratégique des industries de santé (CSIS). Marqué par des « réformes ambitieuses » et une volonté politique assumée au plus haut niveau de l’État, ce CSIS mériterait cependant une « mise en œuvre pratique » plus rapide pour confirmer la bonne image envoyée par le France aux cadres dirigeants étrangers. « Il y a des raisons de choisir la France, comme la qualité de sa recherche, de la formation, de sa main-d’œuvre, les incitations comme le crédit impôt recherche, une amélioration des délais pour lancer un essai clinique, le savoir-faire industriel et un tissu de start-up exceptionnel, en particulier en biotechnologie », énumère Philippe Lamoureux. Auxquels Catherine Compagne ajoute « l’annonce d’une baisse du taux d’imposition pour les trois prochaines années » et « l’excellence médicale ».
Quant aux axes de progression, le LEEM travaille à convaincre la puissance publique de s’y pencher, que ce soit sur le renforcement du dialogue public-privé, la stabilisation de la norme fiscale, l’amélioration des délais d’accès au marché ou un retour affirmé à la croissance. Une condition sine qua non pour que les investisseurs étrangers continuent à s’engager sur le sol français, et notamment les laboratoires italiens.
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