Le 28 février dernier, l’ANSM communiquait ses recommandations pour standardiser les conditionnements des médicaments oraux solides. L'objectif, détaille le directeur de la surveillance Patrick Maison, est de rendre les paquets « les plus lisibles possible pour prévenir les erreurs » : mise en avant de la dénomination commune (DC), standardisation des polices et tailles de caractère, des espaces réservés au rappel de la posologie, aux pictogrammes d’usage, etc. L’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA) redoutait ce projet, et son vice-président Pascal Brossard n’avait pas hésité à parler, dès le mois de janvier, de la « catastrophe » provoquée par la disparition des marques voulue par l’ANSM. Auditionné à l’automne, comme d’autres acteurs de la chaîne du médicament, en amont de ce projet, Pascal Brossard assure qu’il n’a pas été écouté. « C’était une pseudo-concertation, les décisions étaient déjà prises, et par des gens qui visiblement ne connaissent pas bien notre métier et surtout les conséquences de leurs décisions, ce qui est grave pour une agence d’État. »
Paquet neutre
Des laboratoires (Bayer, GSK, J & J Santé Beauté France, Zambon) ont fait l’essai de répondre aux nouvelles recommandations d’étiquetage. Les cinq nouveaux boîtages présentés sont tous plus grands que ceux actuellement commercialisés à cause de « la démultiplication des informations » et prennent l’aspect d’un « paquet neutre » de par la « minimisation des signes distinctifs de la marque ». Sur cette base, l’AFIPA a demandé à Opinionway de mener une enquête auprès du grand public. Aux 1 000 personnes divisées en deux groupes, la même question était posée : quel médicament choisir en cas de diarrhées passagères ? Dans le groupe confronté à un linéaire de médicaments dans leur emballage actuel, 78 % ont trouvé la bonne réponse, tandis que 55 % y parvenaient dans le groupe auquel on présentait les mêmes médicaments dans un emballage dit « ANSM ». Pour l’AFIPA, ce test fait la preuve que « les nouveaux packs sont à l’origine de près de 25 % d’erreurs ». Interrogées sur ce qu’elles pensent des emballages, les personnes sondées répondent que les étiquetages actuels sont plus faciles à lire, à comprendre, à retrouver dans son armoire à pharmacie et à trouver sur l’étagère d’une officine. En réaction, le vice-président de le l’AFIPA prévient que « le jour où il y aura un problème de sécurité avec les packs ANSM, et cela arrivera, ce ne sont certainement pas les industriels qui endosseront la responsabilité ».
Recommandations ou obligations
En revanche, les 200 pharmaciens d’officine ayant participé à l’étude n’ont eu aucun mal à s’y retrouver. « Ils sont cependant, tout comme nous, consternés par ce projet et s’inquiètent pour la sécurité de leurs patients », affirme Pascal Brossard, qui insiste par ailleurs sur le problème de la taille des nouveaux emballages. « C’est un problème logistique sur la chaîne de production, pour le stockage, pour les pharmacies qui utilisent un robot, et c’est un non-sens écologique car cela veut dire davantage de carton, de poids, de camions sur les routes… Le bilan carbone est dramatique ! »
De son côté, l’ANSM répond que le nouvel étiquetage ne nécessite pas l’agrandissement des boîtages. Elle ajoute qu’il s’agit de recommandations et non d’obligations légales, les industriels ne sont pas contraints de s’y conformer. « Faux, répond l’AFIPA. Les industriels se conformeront aux recommandations de l’agence car c’est elle qui délivre toutes les autorisations. » L’AFIPA demande la révision de cette recommandation et propose de travailler avec l’ANSM sur l’amélioration des informations sur les packagings.
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