FAIRE ÉVOLUER l’officine? L’idée ne fait pas peur à Isabelle Adenot. Au contraire, la présidente de l’Ordre national des pharmaciens s’en dit convaincue : « Dans un monde en perpétuelle évolution, si l’on n’évolue pas, on fait du surplace, voire on recule. » Contrainte d’évoluer, donc, la profession en a non seulement la volonté, mais aussi les moyens. Car, malgré un moral un peu en berne, le réseau ne manque ni de force ni d’atouts. Et l’ordinale de rappeler la capacité de la profession à s’adapter et à remporter les défis qui se présentent. Défis technologiques, par exemple, comme la mise en place de la télétransmission ou du dossier pharmaceutique, mais aussi défi professionnel, tel l’implication dans la substitution générique. « Le pharmacien est proche de la population, mais cette proximité est aussi une faiblesse. » Tout n’est pas si rose qu’il y parait, insiste Isabelle Adenot qui rappelle devant les cadres de l’industrie pharmaceutique qu’en France « une officine ferme tous les trois jours et les jeunes pharmaciens ont de plus en plus de mal à s’installer, notamment du fait de la défiance des banques ».
Évoluer malgré une économie dégradée.
Une économie dégradée. Ce n’est pas Philippe Gaertner qui dira le contraire. « Car si les Français restent parmi les plus gros consommateurs de médicaments, depuis dix ans la croissance annuelle des dépenses de santé n’a cessé de baisser », fait remarquer le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Quant au revenu des pharmacies, assuré à 83 % par le médicament, Philippe Gaertner démontre, chiffres et graphiques à l’appui, que la courbe d’évolution de la marge de l’officine a subi, en 2005, une cassure dont elle ne s’est pas encore remise. Autre indice de dégradation économique, l’enquête menée par la FSPF sur la trésorerie des officines a révélé que celle-ci était négative dans 49 % des pharmacies (voir nos éditions du 31 mars et du 4 avril 2011). Que peut-on faire dans ce contexte ? Pour répondre à la question titre du débat organisé par l’ACIP, le président de la FSPF évoque d’abord les perspectives offertes par la loi HPST. « La loi de 2009, mais aussi l’enquête actuellement menée par l’IGAS, devraient permettre de faire évoluer la profession. » Au total, ces évolutions s’articulent autour de trois axes : la modification du mode de rémunération, la mise en place de nouvelles missions et l’optimisation du réseau officinal, estime Philippe Gaertner.
Quatre défis pour l’avenir.
Réussir la mise en place du pharmacien référent dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), celle du pharmacien correspondant dans l’équipe de soins, développer le dépistage et la prévention à l’officine et l’éducation thérapeutique du patient (voir encadré) tels sont quelques-uns des autres objectifs, à court et moyen terme, que se fixe la profession, explique en substance le représentant syndical.
Sans renier ces objectifs, Isabelle Adenot évoque quant à elle les quatre défis qui se poseront à l’officine dans les années à venir : « Garantir l’accès de la population au médicament, garantir la sécurité du médicament, assurer une offre de services adaptés, et, enfin et surtout, ne pas déshumaniser la santé. »
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