L'agacement est palpable. Ne serait-ce que dans le choix des qualificatifs utilisés par le vice-président de l'AFIPA, Pascal Brossard, lorsqu'il explique les raisons du recul du marché de l'automédication en 2017. Selon lui, les dernières décisions des autorités et les projets en cours concernant le secteur démontre « une méconnaissance totale de la part de la nouvelle équipe gouvernementale ».
Le relistage des codéinés et dérivés, intervenu l'été dernier pour faire face à leur usage détourné, est, pour Pascal Brossard, l'exemple de « ce qu'il ne fallait pas faire ». Car « cette mesure empêche les patients de se soigner ». La solution ? L'inscription systématique de la délivrance de ces médicaments au dossier pharmaceutique (DP) « ce que nous réclamons depuis 5 ans pour tous les médicaments d'automédication ». La proposition de Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), d'introduire la prescription pharmaceutique pour ce type de produits trouve-t-elle grâce aux yeux de l'AFIPA ? Pas vraiment. « Nous ne sommes pas opposés à la création d'un statut intermédiaire lors d'un délistage, une sorte de purgatoire de quelques années lorsque la prescription médicale obligatoire devient facultative, souligne Pascal Brossard. La fosfomycine, antibiotique monoprise dans la cystite, pourrait bénéficier de ce statut, mais c'est une vision différente de la proposition de l'Ordre des pharmaciens et des syndicats. »
Marques ombrelles mono statut
L'interdiction de la publicité pour les médicaments contenant de la pseudo-éphédrine ? Un non-sens là encore. L'AFIPA rappelle qu'une étude indépendante « n'a pas démontré une augmentation du risque à l'utilisation de vasoconstricteurs ». Pascal Brossard relève en plus que cette nouvelle interdiction s'appuie sur le fait que « la publicité n'a pas permis une meilleure utilisation des produits… comme si la publicité était faite pour ça ! » Pour atteindre ce but, le vice-président de l'AFIPA préconise plutôt des campagnes de communication et d'éducation.
Quant aux projets de faire disparaître les marques ombrelles d'une part et les marques en général par des modifications de règles de l'étiquetage d'autre part, ils risquent de créer de la confusion dans l'esprit « des patients et du personnel officinal ». Une conséquence dont les industriels « ne veulent pas prendre la responsabilité » et qu'ils renvoient vers les autorités « qui veulent mettre en place cette mesure idiote et stupide ». Selon le baromètre du selfcare 2017, « les Français sont fidèles et durablement fidèles à la marque, repère important dans un environnement qui bouge. C'est pourquoi le top 10 des marques évolue peu depuis 2012 », souligne Nicolas Grelaud, directeur commercial du cabinet OpenHealth Company. Pascal Brossard ajoute qu'avant d'envisager une interdiction, il était possible de discuter pour apporter des améliorations. Ainsi, « l'AFIPA est favorable à des marques ombrelles mono statut », ne mélangeant pas médicaments, dispositifs médicaux et/ou compléments alimentaires. Son espoir ? Obtenir un rendez-vous avec la ministre de la Santé pour remettre « le bon sens à l'ordre du jour ».
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