L’économiste Claude Le Pen confirme l’exception française. Présentant les résultats de l’étude d’IQVIA (ex QuintilesIMS), Intelligence 360, il l’assure, « le médicament est un marché en croissance dans le monde, même si cela ne se voit pas en France ». Une croissance moyenne comprise entre 3 et 4 % par an, tirée par le retour en force des pays dits matures, et en premier lieu par les États-Unis. Après la crise de 2008-2009 qui a obligé les Américains à diminuer leurs dépenses de santé, ils dominent de nouveau « et de loin, à la fois en volume et en croissance, le marché mondial qui dépasse les 1 000 milliards de dollars ». Ce retour en grâce est observé dans la grande majorité des pays matures, mais pas en France.
Ainsi le marché français du médicament de ville reste sous la barre des 20 milliards d’euros et affiche une baisse comprise entre 1 et 1,5 %. Une habitude depuis 2010… En cause ? Les baisses de prix en premier lieu, ainsi que l’érosion continue des volumes qui a commencé en 2005, que le lancement de nouveaux médicaments ne compense pas. « Contrairement à ce que croient les Français, nous ne sommes plus les plus grands consommateurs de médicaments, la consommation baisse régulièrement, aussi bien lorsqu’il s’agit de médicaments prescrits que de produits d’automédication. L’encadrement des prescriptions n’a pas comme contrepartie une augmentation des ventes d’automédication, ces deux segments sont donc solidaires et non opposés comme on pourrait le penser », explique Claude Le Pen.
Paradoxe
Le recul du marché de l’automédication en France serait dû à deux phénomènes, le premier étant conjoncturel – 2017 succède à une bonne année pour l’automédication – le second serait structurel (lente érosion des volumes). À cela s’ajoute le fait que la France n’a pas de culture de l’automédication, ce que l’économiste de la santé trouve dommage car il s’agit à ses yeux d’un « service rendu au patient qui peut accéder rapidement à un produit efficace et sûr ». Pour Claude Le Pen, il est « assez paradoxal de confier au pharmacien l’éducation thérapeutique du patient, le suivi des anticoagulants et de l’asthme, la vaccination de patients, et qu’il se retrouve un peu en retrait sur son rôle de conseiller en automédication qui pourrait être rémunéré spécifiquement ».
Le marché hospitalier français reste en croissance, tiré vers le haut par les médicaments en oncologie. Associé au marché du médicament de ville, le résultat global affiche une très légère décroissance. La France va-t-elle avoir un sursaut en 2018 ? Difficile à dire au vu des nombreux changements intervenus depuis le 1er janvier dernier. Mais un élément reste récurrent : la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) demande chaque année une forte contribution au médicament. La LFSS 2018 n’a pas dérogé à cette règle et compte sur plus de 4 milliards d’euros d’économies dans la santé, dont près de 1,5 milliard grâce à de nouvelles baisses de prix.
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