La biotech bretonne Hemarina a été entendue. Son produit à base d'hémoglobine de ver marin pourrait remplacer l'utilisation de respirateurs dans le syndrome de détresse respiratoire aiguë, syndrome responsable des décès dans le Covid-19. Son protocole d'essai vient d'être autorisé et va être testé dans deux hôpitaux parisiens.
Alors que la vague épidémique déferle en France - avec un pic de 418 décès recensés en 24 heures hier - et que la tension s'accentue sur les services de réanimation et les respirateurs disponibles, un produit sanguin en développement pourrait être un moyen de limiter l'utilisation de ces équipements. Hemo2Life est en effet un transporteur d'oxygène universel issu de l'hémoglobine de ver marin, l'arénicole, capable de fixer 40 fois plus l'oxygène que l'hémoglobine humaine (lire notre article « abonné »).
À la mi-mars, Franck Zal, cofondateur d'Hemarina, appelait les pouvoirs publics à « débloquer les autorisations administratives » pour « répondre aux demandes des médecins hospitaliers ». L'appel a été entendu, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a autorisé le protocole d'essai clinique dans la nuit de vendredi à samedi, pour des patients souffrant du syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). Hemarina a fourni hier les deux hôpitaux parisiens - Georges-Pompidou et La Pitié-Salpêtrière - qui vont réaliser l'essai clinique sur dix patients en insuffisance respiratoire ne pouvant pas être intubés ou placés sous ECMO (oxygénation par membrane extracorporelle).
La molécule a déjà été utilisée avec succès dans la greffe de visage par le Pr Laurent Lantieri, qui souligne que son utilisation dans le Covid-19 « pourrait éviter d’intuber des patients » (lire notre article « abonné »). Hemo2Life a également été utilisée avec succès dans 60 greffes rénales par six hôpitaux français, permettant aux organes de « repartir trois fois plus vite que dans des conditions standards », indique Franck Zal. Il précise que le protocole d'essai clinique, qui devrait débuter aujourd'hui, a été élaboré en 10 jours grâce à la participation des Pr Bernard Cholley, Jean-Michel Constantin, Alain Combes (anesthésie-réanimation) et Laurent Lantieri (chirurgie plastique).
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