Un médicament dans le couloir de la mort

Clause de conscience

Publié le 27/01/2011
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Un anesthésique qui réveille l’indignation

Un anesthésique qui réveille l’indignation
Crédit photo : AFP

HABITUELLEMENT le médicament sert à guérir, soigner ou soulager. Parfois, très rarement, il tue. C’est l’accident iatrogène. D’autres fois encore, il sert à tuer. C’est le cas singulier du pentobarbital utilisé par certains états américains lors de l’exécution par injection de leurs condamnés à mort. Cet usage d’un médicament dans un but contraire à la vie heurte certes les consciences et particulièrement celle du thérapeute. Le fabricant lui-même, le laboratoire Danois Lundbeck, ne voit pas d’un bon œil cette macabre indication de son anesthésique. Il l’a même fait savoir aux autorités américaines : « Nous ne voulons en aucun cas que notre produit soit utilisé dans le couloir de la mort » a ainsi récemment déclaré le laboratoire qui n’exclue pas d’entreprendre une action dans le sens d’un retrait du marché. Le hic, c’est que l’anesthésique est aussi administré à des malades américains. « Nous ne pouvons priver ces patients qui en ont besoin », souligne le fabricant. Dilemme. La balance bénéfice risque du médicament trouve ici un déséquilibre aussi pénible qu’inattendu.

› D.D.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2806