« EN MÉDECINE, il y a d’un côté le scalpel et, de l’autre, les médicaments ; autrement dit, le monde des dispositifs médicaux et celui des molécules. La nanomédecine réussit l’exploit de combiner les deux. On obtient ainsi des objets aussi petits que des molécules, auxquels on donne des fonctions physiques. » C’est en ces termes que Laurent Lévy, Directeur général de Nanobiotix et vice-président de la Plateforme Technologique Européenne de Nanomédecine (ETP-N), définit la nanomédecine, cette nouvelle approche des traitements et du diagnostic.
Cela n’aura échappé à personne, lentement mais sûrement, les nanomédicaments investissent la sphère thérapeutique. Invisibles à l’œil nu, puisque 70 fois plus petits qu’un globule rouge, ces nouveaux produits peuvent en effet prendre la forme de puces à ADN, d’encapsuleurs de principes actifs, ou encore de nanoparticules. C’est pour faire le point sur ce segment hypertechnologique de l’industrie pharmaceutique que le LEEM (Les entreprises du médicament) présentait récemment les résultats de l’étude 2014 intitulée « Nanotechnologies appliquées à la médecine ».
165 nanomédicaments.
« Les avantages de ces médicaments du futur sont nombreux, rappelle Annick Schwebig, présidente du comité biotechnologique du LEEM. La réduction d’échelle permet d’améliorer l’efficacité des principes actifs et de diminuer leur toxicité et leurs effets secondaires. Elle permet aussi bien sûr un ciblage des thérapies qu’on avait jusque-là jamais atteint avec la galénique classique. » Sans compter l’apport considérable des nanotechnologies dans le domaine de la régénération tissulaire, autre grande prouesse de la nanomédecine. En France, rapporte l’étude, on compte déjà 230 nanoproduits, dont 122 sont encore en développement. « Entre 2008 (N.D.L.R., date de la précédente étude) et 2013, nous sommes passés dans l’Hexagone, de 36 à 49 nanoproduits effectivement commercialisés. » Au total, pas moins de 165 nanomédicaments sont en passe d’entrer dans l’arsenal thérapeutique, dont plus des deux tiers concernent l’oncologie, l’infectiologie, les maladies cardio-vasculaires et ostéoarticulaires.
Un marché en forte progression.
L’étude présentée par le LEEM montre par ailleurs qu’avec une trentaine de sociétés spécialisées en nanomédecine, la France se place en deuxième position en Europe, derrière l’Allemagne et devant la Grande-Bretagne. Mais si ce tissu industriel fécond permet au marché de se développer, il n’en demeure pas moins que certains freins entravent encore son parfait épanouissement : une concurrence encore trop faible pour favoriser la compétition, des investissements encore insuffisants dans ce domaine et quelques incertitudes quant au devenir des déchets des nanobiomatériaux. « Mais surtout, souligne Laurent Lévy, il existe un gap important entre les premières preuves d’efficacité chez l’animal et la mise sur le marché du traitement chez l’homme. Du fait des nombreuses interfaces qui jalonnent le développement d’un nanomédicament, il y a encore trop de déchets entre la recherche fondamentale et les premiers essais cliniques. » Réduire ce gap, c’est justement l’objectif premier de la Plateforme européenne de nanomédecine (ETP-N). Favoriser et développer les parcours mixtes académiques/industriels, capitaliser sur les atouts français et renforcer les investissements publics sont ainsi au rang de ses priorités.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %