L'action collective à l'encontre de Boiron Canada se précise : 1 575 personnes y sont désormais inscrites et affirment que son médicament homéopathique phare, Oscillococcinum, ne contient que du sucre et du lactose. Et qu'il serait donc inefficace.
Tout est parti d'une plaignante qui, constatant qu'Oscillococcinum n'avait pas eu l'effet escompté sur ses symptômes, a souhaité former un recours collectif. Selon la consommatrice, les granules d'Oscillococcinum ne contiennent rien d'autre que du lactose et du sucre, le cœur et le foie de canard censés être présents sont tellement « dilués qu'ils ne se retrouvent pas dans le produit final ». Mais sa demande d'autorisation pour exercer une action collective est retoquée en 2015 par la Cour supérieure qui estime que les éléments de preuve sont insuffisants. Une décision annulée en octobre 2016 par la Cour d'appel du Québec, qui affirme que le juge chargé d'évaluer une autorisation d'action collective n'a pas à statuer sur le fond de l'affaire. Boiron Canada a fait appel de cette décision, mais n'a pas été entendu par la Cour suprême du Canada qui a donc maintenu, le 4 mai 2017, l'autorisation de lancer un recours collectif. À cette époque, le laboratoire avait communiqué pour réfuter les arguments « non prouvés » de la plaignante et annoncer son « intention de contester la demande introductive ».
Dix mois plus tard, 1 575 personnes se sont inscrites à l'action collective. Le média Radio Canada et son émission « La Facture » ont fait appel à une chimiste spécialiste en spectrométrie à l'université de Montréal, Alexandra Furtos, pour analyser les composants d'Oscillococcinum. Verdict : « Nous avons bien regardé, avec deux méthodes différentes, mais avec les appareils que nous avons à notre disposition, on n'a pas pu mettre en évidence quoi que ce soit d'autres » que du saccharose et du lactose. Selon Radio Canada, une action collective contre tous les produits de Boiron a mené, aux États-Unis, à une entente à l'amiable de 5 millions de dollars américains.
Les plaignants reprochent aussi à l'agence du médicament canadienne, Santé Canada, d'avoir homologué Oscillococcinum, « preuve » selon eux de son efficacité. La précédente ministre de la Santé, Jane Philpott, avait indiqué en mai 2017 que « le processus de réglementation des produits d'autosoins (dont fait partie l'homéopathie) faisait l'objet d'une révision ». Ce que Santé Canada a confirmé. Actuellement l'agence exige de nombreuses études cliniques pour un médicament traditionnel, mais une référence à un document historique peut suffire pour les produits naturels. Cette action collective intervient dans un contexte de remise en cause de l'efficacité des traitements homéopathiques de la part d'académies scientifiques (notamment en Europe), d'autorités sanitaires et économiques (FTC, NHS England) et d'associations de défense des consommateurs.
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