« NOUS AVONS besoin de nouer des partenariats pour être en mesure de conduire notre politique d’acteur de santé », explique le président de l’AFD, Gérard Raymond. Cette recherche de partenaire a logiquement conduit l’association de patients à se rapprocher de l’industrie pharmaceutique. « Nous ne sommes pas sur la même longueur d’ondes que les auteurs de la revue "Prescrire" », précise Gérard Raymond, qui refuse de faire de la suspicion « un maître mot a priori ». Les laboratoires pharmaceutiques participent ainsi au budget de l’AFD à hauteur de 30 % et lui permettent de disposer des moyens nécessaires pour mener à bien les missions qu’elle considère comme siennes en tant qu’acteur de santé.
Un soutien dont s’enorgueillit le président de l’AFD, qui balaie d’un trait « les mises en causes et autres accusations de relations ambiguës ». Une ambiguïté qui, selon certains, permettrait aux firmes pharmaceutiques « d’instrumentaliser les associations de patients et de conduire à une consommation inappropriée de médicaments, voire à une surconsommation ». Autant de reproches « injustes et infondés », selon Gérard Raymond qui allègue « la publication des noms des associations soutenues, sur les sites des laboratoires concernés ». Une transparence que l’association considère suffisante pour que le soutien apporté ne puisse être considéré comme de la publicité déguisée.
Standards éthiques.
Ce soutien paraît d’autant plus légitime que les industriels semblent être parmi les mieux placés pour améliorer l’observance. Un point de vue néanmoins rejeté par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) qui, dans un rapport publié en 2007, recommandait le maintien de « l’interdiction de tout contact direct ou indirect des firmes avec les patients ». Une position que la loi Hôpital, patient, santé et territoires (HPST) a un tant soit peu amendée en introduisant la possibilité d’un lien financier entre les associations de patients et les firmes pharmaceutiques.
À l’instar de la Fédération européenne des industries pharmaceutiques et des associations (EFPIA) qui ont rédigé un code des bonnes pratiques régissant les relations entre l’industrie pharmaceutique et les associations de patients, il n’en reste pas moins nécessaire de « mettre en place des standards éthiques entre industrie pharmaceutique et associations de patients », estime le président de l’AFD.
Le pharmacien, partenaire légitime.
Les industriels ne sont cependant pas les seuls acteurs du système de santé à être sollicités. « Pour sensibiliser l’ensemble de la population au problème de santé publique que constitue le diabète, nous faisons appel à toutes les bonnes volontés », explique Gérard Raymond. Et qui mieux que le pharmacien peut remplir cette mission ? Les officinaux ont donc logiquement été sollicités. Mais, au-delà d’un soutien affirmé du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), le soutien officinal semble n’avoir été que partiellement apporté (lire encadré ci-contre).
Une surprise pour les équipes dirigeantes de l’AFD qui ont toujours considéré les pharmaciens comme des « partenaires légitimes et naturels ». Outre la dispensation des antidiabétiques, le conseil officinal est en effet une réelle valeur ajoutée pour une bonne utilisation des lecteurs de glycémie. Sans oublier la collecte des déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI). Autant de missions que la qualité du maillage pharmaceutique permet d’optimiser.
Course contre la montre.
Mais l’enjeu est plus large que la prise de diabétiques déclarées. « Près de 70 % des patients souffrant de diabète sont aujourd’hui dans l’ignorance de leur maladie », explique Gérard Raymond. Il est donc primordial de les sensibiliser à la pathologie et aux risques majeurs qu’elle peut générer si elle n’est pas prise en charge. Une véritable course contre la montre, puisque « 7 % des complications sévères du diabète sont évitables par un suivi rigoureux du traitement et une prise en charge précoce », rappelle Gérard Raymond. Un double objectif désormais dévolu aux officinaux puisqu’intégré dans la notion de soins de premier recours et directement rattaché à l’éducation thérapeutique.
La loi HPST, dans son article 38, a en effet consacré le rôle de premier plan du pharmacien dans la prise en charge des soins de premier recours. Sans oublier la notion d’éducation thérapeutique du patient que de prochains décrets d’application devraient également placer entre les mains des professionnels de santé de proximité et donc des officinaux. Des décrets qui, selon toute vraisemblance, devraient sortir d’ici à la rentrée prochaine et devraient alors donner aux pharmaciens les moyens de leurs nouvelles missions.
Halte aux complications.
D’ici là, l’AFD aura contribué à sensibiliser les diabétiques déclarés et ceux qui s’ignorent par le biais d’une nouvelle étape de la campagne nationale pluriannuelle : diabète, halte aux complications. L’objectif ? « Alerter, sensibiliser et informer toutes les personnes concernées directement ou indirectement sur les complications du diabète et les moyens de les prévenir », explique le secrétaire général de l’AFD, Patrick Vexian. À l’occasion d’un parcours pédagogique et interactif, trois thèmes seront ainsi déclinés. Outre un état des lieux sur « les complications du diabète » - à l’origine chaque année de quelque 30 000 amputations, 35 000 cécités et plus de 300 000 infarctus -, des solutions seront proposées pour démontrer que « ces complications ne sont pas une fatalité ». Enfin, la présentation de l’AFD et des professionnels de santé impliqués dans la prise en charge de cette pathologie permettront de démontrer aux patients ou à leurs proches qu’ils ne sont « pas seuls face au diabète ».
Dans le cadre de cette campagne, et pour en renforcer l’impact, des patients experts prendront en charge les visiteurs de ces Haltes. Formés à la fois par le biais de Cd-rom, puis in situ, ces « cadres de patients » permettront de nouer plus facilement le dialogue avec les visiteurs. « Afin de placer le diabétique au cœur de son traitement et des enjeux, il est apparu primordial de sortir du discours strictement médical et de redonner la parole au citoyen », explique le secrétaire général. Il s’agit de « responsabiliser le diabétique et de le convaincre de la nécessité de prendre en charge sa maladie. »
Ces bénévoles ne seront pas seuls pour autant, puisqu’un professionnel de santé coanimera à leurs côtés les ateliers proposés lors de chacune des haltes. En outre, des partenariats spécifiques avec l’Association française des diététiciens nutritionnistes (AFDN) et l’association Sports pour tous contribueront à promouvoir l’intérêt d’une alimentation équilibrée et d’une activité physique régulière. Autant de messages que les pharmaciens pourront relayer au quotidien, s’ils entendent assumer les missions qui sont désormais les leurs.
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