C’EST UN CONSTAT : de nombreux patients doivent consulter plus d’un médecin avant que leur douleur ne soit diagnostiquée et reconnue comme neuropathique. Pourquoi ? Parce qu’ils ne la décrivent pas comme une douleur. « Ils parlent plutôt de sensation de brûlure, d’une impression d’étau, de crocs, d’arrachement, et d’accès douloureux fulgurants (paroxystiques) à type de coups de poignard, de décharges électriques, associées à des sensations bizarres qu’ils éprouvent parfois pendant des années, constate le Dr Alain Serrie (Hôpital Lariboisière, Paris). Ces douleurs ne répondent pas aux antalgiques usuels, notamment aux anti-inflammatoires, elles s’accompagnent fréquemment d’insomnie, d’anxiété ou de dépression et elles ont des répercussions importantes sur la qualité de vie. »
En fonction de l’origine des nerfs lésés, on distingue la douleur neuropathique périphérique dont les causes sont multiples (diabète, zona, radiculalgies, infection par le VIH, cancer, traumatismes, chirurgie) et la douleur neuropathique centrale (traumatisme médullaire, AVC, sclérose en plaques, maladie de Parkinson, tumeurs du cerveau). Les manifestations peuvent survenir ou persister longtemps après la guérison de la cause initiale. Les résultats de l’enquête épidémiologique STOPNET, initiée par Pfizer en 2007, montrent que parmi les 31,7 % de personnes souffrant de douleurs chroniques, 21,7 % ont des douleurs neuropathiques, les femmes étant plus touchées que les hommes, et les douleurs augmentant avec l’âge avec un pic entre 50 et 64 ans.
Un parcours mieux balisé.
Il apparaît que les patients ont eu souvent, durant les douze mois précédant la consultation spécialisée, des parcours désorganisés et pour certains des étapes inutiles avec des hospitalisations inadaptées et des soins paramédicaux peu spécifiques. Outre le coût économique que représentent ces errances thérapeutiques, elles génèrent une frustration et un découragement de la part des malades qui arrêtent bien souvent de se traiter. Afin de faciliter l’identification de ces douleurs, les professionnels de santé disposent désormais, dans leur pratique quotidienne, d’un outil d’aide au diagnostic, le DN4, qui est devenu une référence internationale. Il s’agit d’un questionnaire composé de dix items dont sept reprennent les mots-clés du langage douloureux (brûlures, froid douloureux, décharge électrique, fourmillements, picotements, engourdissements, démangeaisons), et trois portent sur l’examen clinique du patient. Un score d’au moins quatre réponses positives permet d’orienter le diagnostic. Quant au traitement médicamenteux diffère, il diffère de celui des douleurs nociceptives (anti-inflammatoire) et repose en première intention sur l’utilisation d’antidépresseurs tricycliques et de certains antiépileptiques dont la prégabaline. Toute la difficulté est dans la nécessité qu’il y a à ne pas passer à côté des ces douleurs particulières, d’autant que nombre de douleurs chroniques sont à composante mixte. De plus, les patients ont du mal à exprimer leurs symptômes et parfois ils ont peur de ne pas être compris. Médecins généralistes et pharmaciens d’officine sont en première ligne pour les identifier.
Une formation pour impliquer les pharmaciens.
« Grâce à la loi HPST, qui leur confie de nouvelles missions dans un cadre coordonné avec les autres acteurs de santé, les officinaux ont leur place pour accompagner le patient douloureux, l’aider à comprendre sa pathologie et son traitement : conseils, entretien pharmaceutique, rendez-vous santé, participation à l’éducation thérapeutique, souligne Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. Le pharmacien est généralement le premier professionnel de santé sollicité en cas de douleurs, et en posant quelques questions du DN4 (parmi les sept premières) l’officinal peut très bien détecter une douleur neuropathique. » Il est également capable de repérer les patients qui abusent d’antalgiques sans résultat et les diriger alors vers un médecin généraliste ou une structure spécialisée. Son rôle se conçoit aussi en post-prescription pour réexpliquer si besoin le traitement, rassurer le patient en lui reprécisant les objectifs des antidépresseurs et des antiépileptiques, faire passer des messages pour améliorer l’observance (long délai d’action des médicaments), et poser la problématique des effets indésirables qui cèdent dans le temps mais qui sont souvent une cause d’arrêt de traitement.
« Le pharmacien ne se substitue pas au médecin, son intervention se situe en complément de la consultation médicale » précise Philippe Gaertner. Pour accompagner cette évolution, Pfizer a souhaité impliquer davantage les pharmaciens en les aidant à dépister, informer et orienter les patients qui n’ont pas encore consulté via des posters, des cartes « symptômes », des leaflets à distribuer en officine. Le laboratoire organise également des soirées de formation animées par un médecin spécialiste de la douleur dans 17 villes de France du 18 mai (Paris) au 24 juin (Lille). Parallèlement, Pfizer s’engage auprès des patients pour les aider à exprimer leurs douleurs, et afin de faciliter la communication avec les professionnels de santé il met à leur disposition le site internet www.douleurnonidentifiee.com.
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