MICHAËL Podguszer déteste piétiner. Ce jeune adjoint a proposé dès son arrivée à la pharmacie Goncourt-Colonel Fabien à Paris, en juin dernier, de développer l’activité de dépistage en posturologie et la réalisation de semelles orthopédiques de posture. Un service qui vient compléter l’engagement de cette officine dans les nouvelles missions, notamment les entretiens AVK et asthme. Un DU d’orthopédie effectué en deux semaines à Besançon permet à Michaël Podguszer de compléter les connaissances acquises auparavant dans une officine d’Alfortville et surtout, de nouer des contacts avec un podologue posturologiste qui aujourd’hui encore, lui sert de mentor.
À la pharmacie Goncourt, l’orthopédie dispose d’un local spécifique de 8 m2, avec lit d’examen et point d’eau comme l’exige la réglementation. Le matériel se limite à un podoscope (obligatoire dans les textes) et un medical analyse posture, appareil mesurant la translation et la giration du bassin ainsi que la torsion tibiale.
Il n’en faut pas davantage. L’essentiel des vingt-cinq minutes d’examen clinique de Michaël Podguszer est consacré à la palpation des pieds et au dialogue. « Les patients sont très réservés face aux ordinateurs et au matériel sophistiqué utilisés par de nombreux professionnels. Ce qu’ils recherchent avant tout, c’est d’être pris en charge dans leurs besoins, souvent liés à la douleur. Ils veulent être écoutés. Aussi, il ne faut pas hésiter à entrer dans cette relation plus intime avec le patient », note le jeune adjoint, admettant que ce contact physique avec le patient est plutôt inédit à l’officine.
Examen palpatoire et thermoformage.
Il apprécie pour sa part ce rôle de diagnosticien, voire de soignant doublé d’un « certain travail manuel ». L’officine est la porte idéale pour la semelle orthopédique. Et le pharmacien y joue un rôle de conseil et de diagnostic. Recruté essentiellement au comptoir sur affichette ou grâce à son ordonnance, le patient est pris en charge intégralement à l’officine. Après un examen palpatoire, Michaël Podguszer prend les premières mesures qui détermineront le diagnostic de posturologie. Un podographe enregistre l’empreinte du pied qui servira de base à la réalisation des semelles. Un questionnaire de plusieurs volets comprenant l’anamnèse ainsi que les différentes mesures complète le dossier qui est ensuite envoyé au laboratoire Alteor à Plérin.
Dans un délai de trois à sept jours, l’officine reçoit les semelles à l’état brut. Au pharmacien d’entrer en scène en assemblant les différents éléments qui permettront d’adapter la semelle à la morphologie du patient. Enfin, elle sera thermoformée afin que les éléments agissent à l’endroit précis. Une étape essentielle comme le remarque le pharmacien : « Le patient a besoin de voir que l’on fabrique ses semelles pour lui. Cela facilite son adhésion au traitement ».
Podologie du sport.
Michaël Podguszer reverra le patient une troisième fois, trois semaines plus tard pour un ajustement final. « Il faut en effet trois semaines pour que le patient retrouve une posture bénéfique », déclare le pharmacien. Déroutés tout d’abord par l’offre de l’officine, les patients apprécient la proximité du pharmacien. Sur les six derniers mois, plus de soixante-dix patients ont fait appel à ses services. 70 % de ces patients ont été recrutés au comptoir, suite à des douleurs de dos, de cervicales, de bassin, de genou ou encore de chevilles. 30 % ont été conseillés suite à une ordonnance du médecin. Cette activité a permis de dégager un chiffre d’affaires de 8 720 euros et une marge de 6 330 euros, à raison de 125 euros par paire de semelles (prix de revient de 35 euros).
« Il s’agit d’un forfait puisque nous ne sommes pas habilités en tant que pharmacien, à faire payer la consultation. Ce forfait comprend comme le prévoit la réglementation, des retouches pendant les premiers mois », précise Michaël Podguszer. Satisfait du taux de rentabilité de l’activité, le pharmacien pense détenir assez de potentiel pour la développer. Comptant sur les nouvelles recrues auxquelles s’ajouteront les renouvellements annuels des semelles (tous les six mois pour les enfants), le pharmacien a pour prévisionnel, un objectif de 150 patients par an.
Aujourd’hui les sportifs, gros consommateurs de semelles de posture, constituent 30 % de ses patients. 50 % des semelles confectionnées par ses soins sont destinées aux 25-44 ans, 25 % aux 25-34 ans et 10 % aux enfants (essentiellement sur ordonnance).
Les seniors restent encore sous-représentés. Ils représentent la prochaine cible de Michaël Podguszer, persuadé que nombre d’entre eux pourraient voir leurs douleurs soulagées par des semelles. Il évoque ainsi certaines pathologies comme des tendinites, provenant de mauvaises postures. Mais pas seulement. Et à nouveau, le pharmacien se superpose à l’orthopédiste. Cette fois dans l’analyse des antécédents médicaux et dans sa compétence dans le médicament. Car il arrive également que certains médicaments, comme les antibiotiques de la famille de fluoroquinolones provoquent des tendinites du tendon d’Achille.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %