Véritable frein dans l’engagement des confrères en faveur de la prévention et du dépistage, l’annulation de l’arrêté encadrant l’utilisation des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) en officine, le 8 avril par le Conseil d’État, a de quoi surprendre. Depuis juin 2013, les officinaux pouvaient réaliser trois types de TROD, le test oropharyngé pour les angines à streptocoques A, le test nasopharyngé pour la grippe, et le test capillaire d’évaluation de la glycémie pour repérer diabète et hypoglycémie. Deux mois plus tard, le Syndicat national des médecins biologistes (SNMB) demandait son annulation au Conseil d’État. Ses motifs ? Sur la forme : l’absence d’une commission de professionnels de santé telle que prévue par la loi. Sur le fond : la possibilité pour des professionnels de santé autres que les biologistes médicaux de réaliser des actes figurant dans la nomenclature de biologie médicale. Le Conseil d’État n’a pas examiné le motif sur le fond mais a donné raison au SNMB concernant le vice de forme.
Et maintenant ? La direction générale de la Santé assure qu’un nouvel arrêté va voir le jour, respectant les obligations légales et réglementaires, notamment la constitution de la fameuse commission manquante, afin de réintroduire les TROD à l’officine. D’autant que la loi de modernisation du système de santé prévoit de « favoriser des stratégies de prévention innovantes », notamment le développement de « la pratique des tests rapides d’orientation diagnostique ». Car le dispositif est prometteur. Selon une étude sur l’utilisation du test oropharyngé Streptotest, 13,5 % des patients sont testés positifs à l’officine, 91,7 % consultent ensuite leur médecin généraliste et 100 % des pharmaciens interrogés souhaitent que la pratique de ce test se développe en pharmacie.
Marche arrière
En attendant de pouvoir à nouveau réaliser des TROD, les confrères adaptent leurs pratiques. Par exemple, dans le dépistage de l’angine, s’ils ne peuvent plus procéder à un fond de gorge, ils continuent de réaliser le score de Mac Isaac permettant une pré-orientation du patient. De même dans le dépistage du diabète, les officinaux guident les patients dans la réalisation d’un autotest.
C’est bien la réalisation de TROD en pharmacie qui est actuellement interdite, et non la dispensation d’autotests. Cette marche arrière dans la pratique officinale n’a donc pas eu d’impact sur l’arrivée de l’autotest du VIH. Fort attendu, il est disponible depuis le 15 septembre sans prescription médicale, pour un prix compris entre 25 et 28 euros. Simple d’utilisation, il permet d’obtenir un résultat en 15 minutes à partir d’une goutte de sang. Formés à la délivrance de ce dispositif particulier, les pharmaciens doivent expliquer en détail son fonctionnement. Ils sensibilisent aux limites de l’autotest, comme l’absence de fiabilité d’un résultat négatif si le patient a pris des risques dans les trois mois précédents le test, et orientent vers une structure adaptée les patients en situation d’urgence. Début décembre, la ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé la mise à disposition gratuite de l’autotest VIH aux associations et centres de dépistage. Une annonce concomitante à la recommandation temporaire d’utilisation (RTU) par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de Truvada dans la prévention du sida.
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