Dépister soi-même une infection au VIH, une hypercholestérolémie, une carence en fer, une hypothyroïdie, un cancer de la prostate, une sensibilité allergique… Récemment, une kyrielle d’autotests ont fait leur apparition en pharmacie.
Ils sont commercialisés essentiellement par les laboratoires Alere, Medisur et Mylan. Ces tests sont présentés comme permettant aux usagers de dépister certaines pathologies à domicile, en seulement quelques minutes… Pour un prix de vente TTC variant de 8 à 30 euros, voire 40 euros pour les tests de fertilité masculine.
Mais quelle est l’utilité clinique de ces tests ? Lesquels sont à conseiller ? Lesquels sont à proscrire ? Pour aider les pharmaciens dans leur choix de gamme en toute connaissance de cause, l’Académie nationale de pharmacie a passé au crible 13 types d’autotests. Les sages en recommandent trois : les autotests de dépistage des infections au VIH, ceux destinés aux infections urinaires et les kits de recherche d’anticorps antitétaniques.
Le test VIH pour étendre le dépistage
Le premier autotest à proposer sans hésiter à l’officine, c’est l’autotest VIH. Sa mise à disposition en pharmacie permet d’étendre le dépistage et d’atteindre des personnes réticentes à fréquenter les centres de dépistage classiques. Et le défi est de taille : on estime encore aujourd’hui qu’environ 25 000 personnes ignorent qu’elles sont porteuses du virus.
Dans le cadre précis de cette dispensation, le conseil du pharmacien est primordial. « On expliquera que le test ne peut être utilisé que trois mois après le rapport à risque, et qu’un résultat positif doit être confirmé par un autre test réalisé en laboratoire », souligne Liliane Grangeot-Keros, secrétaire perpétuel de l’Académie de pharmacie et coordonnateur du groupe de travail sur « les autotests et TROD ». Selon le cas, le pharmacien pourra également orienter l’usager vers un laboratoire d’analyses ou un centre de dépistage (en cas de rapport à risque datant de moins de 3 mois), ou encore, en cas de contamination très récente ou de suspicion de primo-infection, vers un service hospitalier pour une prise en charge en urgence.
De plus, « cette dispensation délicate demande un discours bien organisé devant le patient, ainsi qu’un certain tact, une habileté dans le rapport humain », évoque Martial Fraysse, membre de l’Académie de pharmacie et président de l’Ordre régional d’Ile-de-France. Pour acquérir ces nouvelles compétences, « il ne faut pas hésiter à se former, notamment à l’éducation thérapeutique », suggère-t-il.
Le test urinaire pour gagner du temps
Les bandelettes urinaires (test de détection d’une infection urinaire/protéinurie/glycosurie) sont également des autotests que l’officinal peut utilement conseiller. En effet, « ils permettent de répondre à une situation d’urgence, à savoir, celle d’une femme souffrant de symptômes de cystite, qui doit rapidement être traitée par une antibiothérapie », analyse Liliane Grangeot-Keros. Dans ce cas, il n’est pas toujours facile de trouver un médecin ni de se rendre au laboratoire. Ainsi, l’autotest permet de gagner du temps pour la prise en charge. Un autotest positif conduira la patiente à prendre un rendez-vous chez le médecin ou, dans un contexte de cystite récidivante, la patiente pourra, sur avis médical, reprendre un traitement antérieur. À l’avenir, on espère même que le pharmacien aura le droit de prescrire des antibiotiques dans le cadre très précis de la cystite. « C’est déjà le cas dans certains pays, comme en Suisse », précise Martial Fraysse.
Tétanos : êtes-vous bien vacciné ?
Enfin, la réalisation d’un autotest de détection des anticorps antitétaniques peut être encouragée par le pharmacien. « On pourra le proposer à une personne qui ignore son statut vaccinal, ou qui ne se souvient pas d’avoir fait son dernier rappel. Ou encore devant une plaie susceptible d’être contaminée par des germes d’origine tellurique », indique l’Académie. Si le test objective la présence d’un taux protecteur contre le tétanos, pas besoin de se faire à nouveau vacciner. Dans le cas contraire, le pharmacien recommandera utilement une nouvelle vaccination préventive. Martial Fraysse avoue avoir longtemps rêvé de ce test. « À un moment où il y a de grands doutes sur la vaccination, on a là un moyen de montrer à un patient s’il est protégé ou non contre la maladie ! » s’enthousiasme-t-il.
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