Ni business angels, ni financiers, les patients, leur entourage et les professionnels de santé peuvent désormais spéculer sur le développement du médicament qui changera leur vie. Depuis un an, une réglementation autorise en effet le financement participatif. Cet investissement dans l’économie réelle permet aux particuliers d’abonder dans une levée de fonds émise par une entreprise pour financer le développement d’un produit.
L’idée n’est pas nouvelle. Elle reprend le mode de la souscription en vogue au XIXe siècle. Sauf que cette fois, elle s’appuie sur Internet et les réseaux sociaux et prévoit une contrepartie. Car au-delà du simple don récompensé par le geste symbolique d’un dessin d’enfant ou de quelques exemplaires du produit, le crowdfunding peut revêtir deux autres formes : celle du prêt rémunéré (ou microrémunéré) et celle de la prise de capital. Ces levées de fonds, plafonnées par le législateur à hauteur d’un million d’euros, sont structurées par des plateformes généralistes (comme Happy Capital ou Ulule), ou thématiques, telles Anaxago ou My Pharma Company qui sont spécialisées dans les sciences du vivant. Rodé à de multiples champs d’activité, le financement participatif, qui a collecté en France près de 134 millions d’euros au premier semestre 2015, gagne depuis janvier dernier le domaine de la santé.
Des téléthons nouvelles générations
Il peut s’agir de récolte de fonds pour le lancement d’une gamme dermocosmétique en oncologie, du financement de vacances pour enfants malades, comme du développement de traitements innovants. Fin septembre, Angany Genetics annonçait ainsi sur My Pharma Company le début de sa collecte pour la commercialisation de produits contre les allergies aux animaux domestiques. Deux semaines auparavant sur Happy Capital, la biotech Medesis Pharma recourait au financement participatif pour lancer, d’ici à 2018, une solution de décontamination nucléaire par pulvérisation buccale. À la mi-septembre, Chromalys appelait sur My Pharma Company au financement de son produit injectable de marquage des tumeurs mobiles dans les cancers du foie et du poumon… La plus grande levée de fonds reste toutefois à ce jour celle opérée par Biosantech à hauteur de 803 000 euros pour financer son candidat vaccin contre le sida.
Ces « Téléthons » nouvelle génération introduisent un changement de paradigme dans les modes de rémunération des financeurs, mais surtout dans le champ thérapeutique des produits financés. Le succès de l’opération suppose cependant que les porteurs du projet se soumettent à une sélection rigoureuse sur la pertinence scientifique du produit et sur sa capacité à répondre aux besoins des patients. « La législation soumet les projets à beaucoup de transparence, la proximité est assurée par l’appartenance à des réseaux et enfin le label de Génopole détenu par les biotechs est un garant pour les prêteurs », affirme Miranda Nally-Delmotte, chargée d’affaires auprès du Génopole dont cinq entreprises de biotechnologies ont déjà levé des fonds par crowdfunding.
La viabilité économique du projet est le troisième critère de sélection. Le coût du développement et le taux de succès thérapeutique et commercial des produits de ce type sont ainsi passés au crible. Car le crowdfunding n’est qu’une étape. Sans ce financement participatif, nombre de ces projets ne pourraient accéder aux phases III et IV de leur recherche. Sans parler de leur commercialisation.
Trop petits pour le private equity, qui se concentre sur les infrastructures prometteuses de gros profits, pas assez matures pour le capital-risque, qui s’intéresse aux biotechs ayant pignon sur rue, ces projets trouvent dans le financement participatif le relais de croissance qui les verra aboutir à un produit finalisé et valorisé.
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