Les escarres s’accompagnent d’une fuite protéique et d’un hypercatabolisme qui aggrave la dénutrition, et celle-ci doit être systématiquement recherchée. Inversement la dénutrition augmente le risque d’escarre et retarde la cicatrisation.
Adapter l’alimentation
Il faut adapter au mieux les repas aux habitudes pendant l’hospitalisation, tout en respectant la règle des 3 repas par jour, associés à 1ou 2 collations, avec des prises alimentaires espacées d’au moins 3 heures. Les besoins étant notablement augmentés en cas d’escarre, il est recommandé d’apporter au moins 30 à 40 kcal/kg/jour, avec 1,2 à 1,5 g/jour de protéines, et de proposer une supplémentation en multivitamines et oligo-éléments. L’objectif étant de privilégier l’alimentation orale et d’éviter la sonde gastrique, on commence à enrichir les plats (poudre de lait, fromage râpé, etc.), et on propose à distance des repas des produits facilement absorbables (fromage ou biscuits).
« Les compléments nutritionnels oraux (CNO) doivent être donnés en plus et non à la place des repas, à raison d’1 à 3 unités par jour en moyenne », insiste Emmanuelle Di-Valentin, diététicienne à Bichat. « Ils sont remboursés sur des critères nutritionnels ».
Des nutriments spécifiques ?
L’αcétoglutarate d’ornithine (ACO), précurseur de l’arginine et la glutamine, a été évalué chez 160 personnes atteintes d’escarres au talon ou au sacrum, stade II et III. On constate une amélioration de la vitesse de cicatrisation dès les premiers jours mais uniquement dans les petites escarres.
Les CNO, enrichis ou non en arginine, vitamine C (500 mg) et zinc (30 mg) diminuaient le temps de cicatrisation par rapport au régime standard chez 16 malades hospitalisés pour escarres de stade II à IV. Les CNO enrichis en arginine et micronutriments spécialement formulés pour favoriser la cicatrisation se sont montrés significativement supérieurs par rapport aux CNO iso-énergétiques et isoprotéiques.
Chez 200 patients déjà dénutris avec des escarres stade II à IV, vus à domicile ou en institution, une supplémentation riche en énergie et enrichie avec de l’arginine, du zinc, du sélénium, et des vitamines C et E a significativement diminué la taille de l’escarre par rapport à un placebo iso-énergétique et iso-azoté (61 % vs 45 %).
D’après les communications de la Pr Agathe Raynaud-Simon, gériatre et d’Emmanuelle Di-Valentin, diététicienne (hôpital Bichat).
Société française et francophone des plaies et cicatrisations (SFFPC).
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