SI AUJOURD’HUI, le marché du magnésium se répartit à parts presque égales (en valeur) entre la catégorie des médicaments et celle des compléments alimentaires, le champ nutritionnel du rayon gagne peu à peu en importance. Plusieurs raisons expliquent cette tendance. Tout d’abord, réglementairement parlant, la démarche pour développer un médicament est lourde comparée aux délais de mise en œuvre requis (un an et parfois moins) pour lancer un complément alimentaire. À choisir, les fabricants se tourneraient plus volontiers vers un process moins contraignant. Une logique qu’un événement majeur survenu à la fin de l’année 2010 est venu appuyer. C’est à cette époque que le marché a vu dérembourser bon nombre de spécialités à base de magnésium (seul ou associé à la vitamine B6)*.
Dès lors, les laboratoires ont privilégié le développement de leurs gammes à vocation nutritionnelle, laissant le champ OTC vivre par lui-même ou comptant sur la prescription qui continue d’assurer 10 % des ventes de l’offre en magnésium (AMM et hors AMM). Car si dans l’acte d’achat la composition du produit l’emporte de plus en plus sur le statut, la prédominance historique des grands noms du magnésium autrefois voués au remboursement préserve encore le segment des médicaments. Une protection salutaire face à l’emprise des compléments alimentaires sur le marché. Pour les Laboratoires Urgo, le déremboursement de la classe du magnésium a été vécu comme une opportunité. Leur complément alimentaire, Govital Magnésium, a ainsi réalisé un bond spectaculaire, passant de 150 000 unités vendues en 2010 à un million d’unités quatre ans plus tard. Enrichi en vitamine B6, le produit revendique la simplicité de sa posologie qui permet d’apporter la dose optimale de magnésium – 300 mg par jour – en une seule prise. « Pour garantir un bon équilibre nerveux et musculaire, l’organisme doit s’assurer un stock corporel constant en magnésium, explique Chrystèle Navarro, chef de produit senior chez Urgo. Il puisera donc, dans l’apport alimentaire, la quantité de magnésium dont il a besoin et éliminera l’excédent par les selles et l’urine. C’est le phénomène d’homéostasie. Pour une femme, la dose quotidienne de magnésium conseillée oscille autour de 360 mg par jour, 420 mg pour un homme. Selon l’état du stock corporel de l’individu, l’absorption digestive de la dose ingérée pourra varier de 25 %, si le stock corporel est important, à 75 % en cas de carence avérée en magnésium ! » Axé sur la fatigue nerveuse et musculaire, Govital Magnésium partage son positionnement avec d’autres références notoires du marché. C’est le cas de Mag2 24H (Cooper) dont la technologie bicouche permet, en une prise unique, la libération progressive de ses 300 mg de magnésium - associés à la vitamine B6 pour une meilleure assimilation.
Mise en avant.
Supradyn Magnesia a, pour sa part, adopté dès l’origine les axes de l’énergie et de l’équilibre nerveux grâce à une association de magnésium, vitamines (groupe B, C) et minéraux. « Le segment du magnésium appartient au marché de la forme dans lequel il occupe plus d’un quart en valeur, précise Vanessa Devermelle, chef de marque Supradyn chez Bayer Healthcare. C’est un secteur à part entière au sein duquel de nombreux laboratoires se sont récemment lancés aux moyens de complexes nutritionnels associant vitamines et magnésium. L’objectif est d’apporter une réponse face au double enjeu de la fatigue et du stress. »
Parmi les lancements les plus récents, Bion Équilibre (Merck Médication Familiale) combine deux sels de magnésium (100 mg) agrémentés de trois souches de probiotiques, onze vitamines et trois minéraux. Lancé à la fin de l’année dernière, le complexe entend restaurer l’équilibre physique et nerveux et fait actuellement l’objet d’une campagne de communication. Même démarche pour Upsa qui s’est concentré sur le magnésium pour formuler son complément alimentaire Magnésium Upsa Action Continue (50 mg par comprimé, prise fractionnée), une nouveauté au même titre que Magnésium 300+ de Boiron qui associe deux sels de magnésium aux vitamines B, E et sélénium à répartir en deux prises dans la journée pendant 20 jours. « Le magnésium se prend en doses fractionnées car le corps n’assimile que 30 % de l’élément à chaque prise, explique Sonia Amendola, chef de produit chez Boiron. Quant à la combinaison de deux sels de magnésium, elle permet d’améliorer la tolérance du minéral. » Un discours qui, selon elle, est aujourd’hui plus volontiers dispensé par les laboratoires dans un souci d’éducation du public. Le besoin d’information se justifie également si l’on considère le cadre restreint qui régit les allégations des compléments alimentaires à base de magnésium. Celles-ci se bornent, en effet, à « réduire la fatigue » ou à « contribuer au fonctionnement normal du système nerveux » ou à se présenter comme un « régulateur nerveux et musculaire »… Des mentions peu explicites pour un minéral dont la carence peut se traduire par de nombreux signes comme l’irritabilité, la sensibilité au stress, la fatigue passagère, les troubles mineurs du sommeil, les palpitations, les crampes, les fourmillements. « 77 % des Français seraient en manque de magnésium selon l’étude SU.VI.MAX. » Rien d’étonnant à cela si l’on considère les carences qu’engendre la vie moderne. « Le rythme de la vie qui s’accélère, les régimes, la pratique sportive en hausse et tout simplement la façon dont on se nourrit ou encore la qualité des aliments que l’on consomme contribuent à accentuer le besoin en magnésium », conclut Sonia Amendola.
Solution naturelle
Le magnésium serait-il l’élément nutritionnel « tendance » du moment ? Il est sûr que, pour bien des otages de la vie moderne, il fait figure d’allié au quotidien. D’autant qu’il peut également séduire les adeptes des solutions naturelles sous la forme de magnésium marin. Plusieurs compléments alimentaires en dispensent comme Arkocéan Détente et Équilibre (300 mg) associé à la vitamine B6 (Arkopharma), Thalamag Équilibre (300 mg en deux gélules) des laboratoires Iprad Santé ou encore Formag (Pileje) qui a été conçu de façon à optimiser la tolérance du magnésium. Dans sa formule, le minéral est associé à un hydrolysat de protéines de riz afin qu’il passe plus facilement la barrière intestinale. « À dose normale, la plupart des sels de magnésium sont susceptibles de provoquer des diarrhées, explique Isabelle Vu Beauquin, chef de produit chez Pileje. Pour réduire ces effets secondaires, il faut favoriser l’assimilation intestinale du magnésium et faciliter sa pénétration dans la cellule, là où il est efficace. C’est pourquoi, de nombreux complexes associent de la vitamine B6 au minéral. » Une fois son passage facilité, encore faut-il le conserver à l’intérieur des cellules qui cumulent 98 % des réserves de l’organisme. « Certaines situations de stress accentuent l’élimination du magnésium ». Pour le retenir, Formag a ajouté un acide aminé, la taurine, à sa formule qui combine magnésium marin et vitamine B6 dans un comprimé dosé à 150 mg à prendre deux fois par jour.
Le magnésium marin est à l’honneur au sein d’une autre gamme que le laboratoire Sanofi vient de réorganiser pour en améliorer la lisibilité et faciliter son conseil : anciennement nommée Easymagnévie, l’offre en compléments alimentaires ciblant les différents profils de la fatigue et du stress se range à partir du mois de mars sous la marque ombrelle Magnévie – qui regroupe les références OTC et nutritionnelles à base de magnésium du laboratoire – et accueille une nouveauté, Magnévie B6 Express. Destiné à lutter contre la fatigue physique et émotionnelle, le complexe associe les vitamines B6 et B9 au magnésium marin (300 mg) et se présente sous une forme galénique originale, des microgranules orodispersibles conditionnés en sachets sticks. En une seule prise par jour, le produit délivre ses actifs et vient s’inscrire dans une gamme répondant au manque de vitalité et aux troubles du sommeil (Magnévie Jour & Nuit), au manque d’énergie (Magnévie Boost) et de concentration (Magnévie Mémoire). Un éventail nutritionnel étudié pour combler les principaux déséquilibres exprimés par les Français à savoir le stress, la fatigue, les troubles du sommeil et l’anxiété (étude IPSOS pour Sanofi, fin 2014).
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