LES LABELS offrent au consommateur un certain nombre de garanties quant à l’origine naturelle ou biologique des ingrédients qui composent le produit, au type de procédé de fabrication (non polluant) mobilisé pour le mettre en œuvre, à l’utilisation de pratiques respectueuses de l’environnement… Ils excluent les composants sujets à controverse écologique ou sanitaire (parfums et colorants synthétiques…), produits issus de la pétrochimie, substances siliconées, ingrédients issus d’organismes génétiquement modifiés, produits irradiés ou testés sur des animaux…
Mais le label ne se borne pas à garantir le respect d’une liste de critères. Il résulte d’une démarche, et même d’une philosophie, visant souvent à faire évoluer un contexte. C’est ce dont témoigne Cosmébio, association qui fédère près de 400 professionnels de la cosmétique naturelle, biologique et écologique en France. « Au départ, il s’agissait de faire une cosmétique différente capable d’intégrer des contraintes biologiques, mais aussi de valoriser les produits issus de cette filière », indique Nicolas Fouchère, dirigeant du laboratoire Sicobel et fondateur de l’association.
L’envers du label.
Il y a une dizaine d’années, plusieurs industriels – qui, par la suite, allaient constituer l’association Cosmébio - ont jeté les bases d’un référentiel en cosmétique naturelle et biologique. Une fois élaboré par Ecocert, organisme certificateur indépendant, ce référentiel cosmétique était le premier à voir le jour en France. Ainsi, encadre t-il strictement les procédés de fabrication (respect de l’environnement) des produits qui l’adoptent et impose t-il de respecter un seuil minimum d’ingrédients naturels et issus de l’agriculture biologique dans leur composition : 95 % des ingrédients naturels et 10 % du produit fini d’origine biologique pour un cosmétique Bio, 50 % des ingrédients naturels et 5 % du produit fini d’origine biologique pour un cosmétique écologique. Le suivi de cette démarche autorise le fabricant à apposer la marque de certification « Ecocert Cosmétique Biologique » ou « Ecocert Cosmétique Écologique » sur ses emballages. Il pourra aussi bien afficher celle de l’organisme certificateur Bureau Veritas Certification (accrédité par le Cofrac), mieux connue sous la mention « Qualité France » et répondant à un référentiel tout aussi exigent. S’il est membre de l’association Cosmébio, le fabricant pourra mentionner les labels « Cosmétique BIO » ou « Cosmétique ECO » ainsi que la marque de certification de l’un ou l’autre organisme certificateur. « Ces mentions garantissent au consommateur la transparence nécessaire vis-à-vis de la formule. Car toute la démarche est tournée vers lui, dernier maillon de la chaîne », précise Nicolas Fouchère. Bien sûr, le sigle présent sur l’emballage permet aussi d’être identifié instantanément et de se distinguer dans le linéaire. Mais il a un coût : « Aujourd’hui, les prix de vente des cosmétiques Bio se sont alignés sur ceux des autres produits. Mais le label a une incidence sur la marge. » D’autant qu’il implique, pour un fabricant ou un sous-traitant, deux contrôles par an. À la clé, cependant, une légitimité très gratifiante pour les marques, qui sont nombreuses à vouloir porter l’estampille.
Tout ce qui fait état d’un sigle n’est cependant pas labellisé et l’utilisation de logos commerciaux peut porter à confusion, dotant d’emblée un produit de caractéristiques qu’il n’a pas forcément. « Une démarche de labellisation est contraignante et coûteuse, rappelle Marie-Thé Tiphaigne, dirigeante du laboratoire Cosbionat, fabricant des huiles essentielles Docteur Valnet. Certains la contournent en présentant ce qui n’est qu’une marque commerciale (HEBBD, HECT…) comme un label, seul capable de garantir l’espèce botanique et le chémotype des huiles essentielles alors qu’il existe des normes françaises et internationales qui imposent de les identifier parfaitement. La seule mention capable de garantir leur qualité est le label AB français (propriété du ministère de l’Agriculture) et son équivalent européen. Il atteste de leur mode de production biologique, de leur contrôle par des organismes indépendants, de leur traçabilité, de leur pureté. » Les huiles essentielles Docteur Valnet sont, pour leur part, issues de la filière de producteurs bio de plantes aromatiques mise en place par Cosbionat et toutes bénéficient du label AB. Un gage de qualité incontournable pour le laboratoire, qui dénonce « la confusion qu’engendrent les faux labels pour les pharmaciens, mais aussi et surtout pour les consommateurs qui ne savent plus à quel label se fier ».
Vers une harmonisation.
Et de labels, en effet, il ne manque pas ! Car les associations regroupant des professionnels de la filière cosmétique naturelle sont plusieurs à avoir élaboré leur propre charte. Natrue, fondé en 2007, est un label international qui propose trois niveaux de certification et impose 70 % à 95 % des ingrédients naturels issus de la culture biologique ou de la cueillette sauvage contrôlée. Encore plus drastique, la fédération Nature & Progrès, engagée depuis 1964 dans l’agro-écologie, n’attribue sa mention que de façon globale, à partir de critères techniques mais également environnementaux, sociaux et économiques. Si, à la liste, s’ajoutent les référentiels qui ont cours à l’étranger, il devient en effet difficile de s’y retrouver parmi les labels ! D’autant que tous ne relèvent pas d’une certification délivrée par un organisme accrédité. « Les fabricants qui les revendiquent soumettent généralement leurs produits à des structures d’audit et de contrôle qui leur sont propre, remarque Olivier Molter, responsable du département cosmétiques de Bureau Veritas Certification. Certains cahiers des charges dépassent d’ailleurs en exigence ceux auxquels nous nous référons. » Reste que ces démarches sortent du cadre officiel de certification. Pour les produits qui s’y soumettent, en revanche, il suffit de lire l’emballage qui doit porter la trace de leur contrôle : les pourcentages d’ingrédients d’origine naturelle et d’origine biologique, la mention « certifié selon le référentiel… », le site Internet (www.qualite-france.com ou www.ecocert.com), le nom de l’organisme certificateur, son adresse et/ou sa marque de certification, doivent y figurer.
Encore faut-il le savoir… Ce qui permettrait, en tout cas, de faire face à une autre difficulté inhérente au référentiel : son caractère éphémère. Car le label n’est qu’un outil. Un outil qui évolue selon l’avancée des connaissances, les capacités technologiques et la réglementation. Weleda, marque de cosmétique naturelle et bio d’origine suisse, s’est pendant des années référé au label BDIH (association fédérale d’entreprises commerciales et industrielles allemandes) dont le cahier des charges était très rigoureux. Puis, en 2009, la marque a abandonné son ancien logo pour adopter le label Natrue. « Ce référentiel est plus poussé et répond mieux aux exigences actuelles de la cosmétique naturelle », explique Anne Muguet, responsable communication des laboratoires Weleda. De fait, en matière de certification, il faut savoir s’adapter car la tendance est à l’harmonisation des chartes.
Actuellement, une démarche qui vise à créer un référentiel unique engage ainsi différents représentants de la filière au niveau européen (Cosmébio et Ecocert Greenlife pour la France, BDIH pour l’Allemagne, Soil Association pour la Grande Bretagne, ICEA pour l’Italie). Deux labels, Cosmos Organic et Cosmos Natural, représenteront les valeurs de la cosmétique biologique et écologique prônées par tous les fabricants adhérant au nouveau cahier des charges. Celui-ci ménagera une plus grande part aux ingrédients issus de l’agriculture biologique et réservera une place non négligeable à un intervenant inédit dans la composition des produits, la « chimie verte ». Nouvelle discipline, celle-ci regroupe l’ensemble des techniques visant à réduire la part des substances toxiques dans la conception, la production et l’utilisation des produits chimiques. Un heureux « effet rebond » du label ?
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