Le Quotidien du pharmacien.- Les contrôles de la DGCCRF ont-ils également concerné des produits vendus en pharmacie ?
Anne Dux.- Difficile de répondre à cette question car nous ne disposons pas de la liste des produits contrôlés. Ce que je peux vous dire, en revanche, c'est que les contrôles de la DGCCRF sont généralement ciblés sur la production des auto-entrepreneurs et des producteurs d'extraits végétaux qui pratiquent souvent la vente directe. Le réseau des pharmacies est très peu concerné.
Les produits jugés non conformes sont-ils réellement dangereux pour le consommateur ?
Sur les 8 000 produits contrôlés, 700 ont fait l'objet d'une analyse et seulement 105, soit 1,3 % des 8 000, ont été jugés dangereux pour le consommateur. Ces produits sont de deux types : d'abord ceux qui contiennent des filtres solaires à une concentration supérieure à la concentration maximale prévue par le règlement européen, par exemple 20,5 % au lieu de 20 %. Personnellement, j'estime que ces produits ne sont pas réellement dangereux, même s'ils le sont au regard de la réglementation. Il faut en effet savoir que la dose maximale fixée chez l'homme est le centième de la dose administrée per os chez l'animal sans toxicité. De même, je ne suis pas d'accord avec l'analyse de la DGCCRF concernant la présence de métaux lourds dans certains produits. Certes, ces substances sont interdites par le règlement européen des cosmétiques, qui tolère la présence de traces à condition que celles-ci soient techniquement inévitables et sans danger pour la santé humaine. Mais on retrouve presque obligatoirement des traces de ces métaux dans toutes les substances d'origine tellurique (argile). Dans ce contexte, les seules obligations qui s'imposent aux industriels sont d'acheter la qualité d'argile la moins chargée en métaux lourds et de procéder à une évaluation de la sécurité de leurs produits.
Qui est responsable de la conformité des cosmétiques au règlement européen ?
Uniquement le fabricant. C'est à lui que revient la responsabilité de commercialiser des produits conformes au règlement cosmétique européen.
La responsabilité du pharmacien n'est donc pas engagée lors de la vente de produits non conformes et/ou dangereux pour la santé publique ?
Pas exactement. Le pharmacien n'a pas les mêmes obligations que le fabricant en la matière, mais il doit respecter l'article 6 du règlement cosmétique européen 1223-2009. Il a ainsi le devoir de vérifier un certain nombre de mentions sur le conditionnement des produits, vérifier qu'elles sont rédigées en français, que le nom et l'adresse d'une personne responsable dans l'Union européenne, le numéro de lot et la liste des ingrédients y figurent bien ; enfin, si une date de péremption est mentionnée, que celle-ci ne soit pas dépassée.
En pratique, que doit faire le pharmacien ?
Lorsqu'il reçoit des cosmétiques dans son officine, le pharmacien doit suivre une procédure et reporter dans un cahier le résultat de ses vérifications. S'il fait l'objet d'un contrôle et qu'il ne peut pas prouver qu'il l'a fait, il est dans son tort. Par ailleurs, il n'a pas le droit de vendre un produit dont il pense qu'il est non conforme. Par exemple, s'il constate la présence dans un cosmétique de méthylisothiazolinone (ingrédient interdit dans les cosmétiques non rincés depuis 2017, N.D.L.R.), il n'a pas le droit de le vendre.
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