Qui connaît 8882 ? D’après Micheline Bosserelle, la créatrice, peu de monde, mais de célèbres experts en la matière. Et de citer l’explorateur Paul-Émile Victor, les skieurs Isabelle Mir, Marielle Goitschel, Jean-Claude Killy, Luc Alphand, Franck Piccard, la véliplanchiste Raphaëla le Gouvello…
Tout commence dans les années 1960, lorsque Micheline Bosserelle crée les Laboratoires Juvex pour développer des produits solaires. Rapidement, elle se démarque en cherchant des solutions pour la pratique sportive en montagne. « Il existait bien une sorte d’emplâtre, utilisée par les alpinistes et montagnards chevronnés, mais ce type de produit ne pouvait pas séduire le citadin qui vient passer une semaine à la montagne. J’ai rencontré des pharmaciens et des médecins installés dans les Alpes et les Pyrénées, ils avaient tous ce même problème : de nombreuses pathologies solaires pour lesquelles ils n’avaient pas de solution. » Les professionnels de santé déplorent en effet de ne rien pouvoir conseiller au skieur citadin dont la peau non préparée et mal protégée réagit à l’agression des radiations primaires d’altitude par des brûlures et des allergies.
Le secret de la tortue
Se définissant comme une autodidacte, Micheline Bosserelle relève le défi et se lance dans l’étude du rayonnement solaire avec l’aide d’un élève du physicien Paul Langevin. Elle se rend compte que son idée première, consistant à ajouter des filtres supplémentaires dans ses produits, est insuffisante. Elle expérimente elle-même ses produits-tests sur des carrés de peau bien délimités, en conditions réelles. « Une journée sur l’aiguille du midi, le lendemain j’étais de toutes les couleurs, du rose au brun selon les carrés de peau. » Ses recherches finissent par payer. En 1969, elle lance ses premiers produits solaires techniques, visant d’abord les sujets particulièrement exposés à l’agressivité du rayonnement solaire (glacier, haute mer, tropiques), sous le nom de marque 8882.
Mais pourquoi 8882 ? « En 1969, c’était l’altitude estimée de l’Everest », s’amuse Micheline Bosserelle. Aujourd’hui, la marque compte une douzaine de références, dont la formulation a évolué avec le temps, afin de résister à l’eau, à la neige et combattre la déshydratation dans les conditions d’utilisation les plus drastiques. Ses hautes performances pour contrer les effets du rayonnement solaire en font une référence pour les personnes photosensibles, celles pour qui le soleil est déconseillé, et celles qui veulent garder une peau aussi claire que possible. Autre particularité de la marque : toutes les références contiennent de la chélonine. « Au cours d’un voyage d’agrément au Mexique, j’ai découvert le secret des femmes d’une tribu à la peau merveilleuse : elles utilisent l’huile de foie de tortue que les hommes tuent pour leur consommation. Je suis rentrée avec une fiole de cette huile, qui a été analysée puis reconstituée avec des triglycérides végétaux, car il n’était pas question de toucher aux tortues ! » De là naît la chélonine (de « chelonia », tortue en grec), le logo de la marque et son surnom, « la tortue ».
Partenaire éthique
Bien que discrète, la marque 8882 est régulièrement sélectionnée pour et par des sportifs de haut niveau. C’est ainsi que la commission médicale du Comité national olympique français l’a choisi pour les athlètes au Jeux Olympiques de Sotchi (hiver 2014) et de Rio (été 2016). Il est fort probable qu'elle soit encore élue pour les JO de l’hiver 2018 en Corée du Sud. Elle est aussi partenaire de l’équipe Fleurs de gazelles, du rallye Aicha des Gazelles, un raid en 4X4 exclusivement féminin dans le désert marocain.
À la recherche d’un partenaire, Michelle Bosserelle aimerait développer davantage ses produits, en créer de nouveaux et produire en plus grande quantité. D’autant que la demande est là, notamment à l’export. Sa société fonctionne actuellement avec deux personnes, dont elle, en tant que bénévole. Une société qui a bien failli disparaître. En 1998, prise par une autre de ses passions, Michelle Bosserelle vend le Laboratoire Juvex. Treize ans plus tard, elle retrouve sa société en liquidation judiciaire… et la rachète. Après une remise à plat, notamment pour proposer des formulations en règle avec de nouvelles dispositions sanitaires, elle reprend 8882 sous la société Pharmaltitude et dépose la marque dans les nombreux pays qui la réclame. Micheline Bosserelle est prête à s’associer, « mais pas avec des financiers ou un fonds de pension américain » comme ceux qui la sollicitent depuis quelques années. Son rêve ? Un partenaire éthique, impliqué dans la pharmacie, qui adhère à sa conception de ne proposer les produits qu’en officine.
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