Une véritable mascarade. Le patron de Carrefour déclare, interviewé l'autre mercredi soir sur BFM TV, mettre en vente au public, des masques chirurgicaux, au prix de 60 centimes, et des masques tissus, au prix de 3 euros, dès le 4 mai, avec la bénédiction des pouvoirs publics qui, après avoir réquisitionné tous les masques chirurgicaux et FFP2, ont transformé le pharmacien d’officine en simple distributeur gratuit de masques aux autres professionnels de santé, lui imposant de surcroît la charge d’en tenir la comptabilité en traçant les destinataires, digne d’une pièce de Georges Courteline.
Concomitamment à cet effet d’annonce, les pharmaciens voient leur prérogative de vendre des masques chirurgicaux rétablie, après une longue suite d’incohérences, dont la première fut la déclaration officielle de non-utilité des masques pour la population.
Cerise sur le gâteau, après avoir permis, en pleine pénurie pour les soignants, à la grande distribution d’en acquérir quelques millions à bas prix pour en faire leur affaire de communication, on demande maintenant aux pharmaciens d’en acheter au prix fort et de les vendre à perte.
Le pharmacien, en première ligne dans cette crise sanitaire sans précédent, méprisé et marginalisé par les pouvoirs publics, corvéable à merci, et comme toujours timidement défendu par ses instances professionnelles, est relégué à un rôle de simple figurant au lieu de celui d’acteur majeur de santé publique qu’il serait légitime d’incarner.
Force est de constater que personne, au sein de la profession, n’a la force de frappe qui permettrait au pharmacien d’officine de recouvrer son rôle d’acteur de santé publique de premier rang.
L’envie démange de « jeter l’éponge » et de recommander à nos responsables avisés de confier à la grande distribution, qui se drape si bien dans un rôle imaginaire de maillon de santé publique, d’assumer la distribution gratuite des masques aux personnels de santé et aux personnes à risque.
De cette farce des masques, le pharmacien est le dindon.