Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), réclame au nom de la profession l’autorisation de prescrire, y compris des médicaments éligibles au remboursement. Il réaffirme par ailleurs son attachement au terme de prescription.
Sevrage tabagique, cystite et angine, ou encore douleur dentaire… Les pharmaciens revendiquent depuis de nombreuses années le droit de prendre en charge ces pathologies qui se présentent au comptoir. Mais alors que d’autres professions, sages-femmes, kinés et infirmiers, ont obtenu des avancées dans ce domaine, Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) s’impatiente.
Certes, la délivrance d'antibiotique dans l’angine et la cystite après un TROD positif - hors exercice coordonné -, suivant les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), figure au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024. En revanche, quid de la prescription de substituts nicotiniques ou encore de la délivrance d’antalgiques dans la douleur dentaire ? La prise en charge de ces cas ne semble pas évoluer. En tout cas, pas assez rapidement pour Pierre-Olivier Variot. Mardi, au Sénat, lors d’une conférence de l'Association française de lutte antirhumatismale (AFLAR), le président de l’USPO a souligné cet immobilisme, dénonçant l’insuffisance de l’arsenal thérapeutique des pharmaciens, réduit aux antalgiques de palier 1. « Nous avons besoin de pouvoir dispenser des antalgiques de palier 2, avec les protocoles de la Haute Autorité de santé (HAS), pour la douleur de tout type et pour la douleur dentaire. Dans ce dernier cas, la dispensation d'un antalgique doublée d'un antibiotique permettrait de faire gagner du temps au cabinet dentaire », a réclamé le président de l'USPO.
« Certaines situations nécessitent une intervention rapide d’un professionnel de santé. C’est notamment le cas pour les soins non programmés ne nécessitant pas d’auscultation, mais également lorsqu’il s’agit de prévention », indique-t-il. Sur ce chapitre, il rappelle que l’acharnement syndical, doublé de la mobilisation des pharmaciens dans les campagnes de vaccination grippe et Covid, a fini par payer. « Les pharmaciens ont été autorisés à prescrire l’ensemble des vaccins du calendrier vaccinal », se félicite Pierre-Olivier Variot. Une victoire qui l’encourage, aujourd’hui, à réclamer plus que jamais que ce droit de prescription pour les pharmaciens soit élargi.
Cependant, le président de l’USPO tient à différencier sa position de celle de son homologue de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Pierre-Olivier Variot, s’appuie sur le droit européen, pour justifier le terme de prescription médicale, comme « toute prescription de médicaments émanant d’un professionnel habilité à cet effet ». De son côté, Philippe Besset, président de la FSPF, défendait récemment une tout autre position.« Le terme de prescription est impropre car l'autorisation porte sur l'habilitation des pharmaciens à mener un bilan selon le protocole de la HAS. La prescription découlera - ou pas - du résultat. »