Lancée fin 2020 et compilée en 2021, cette enquête est la troisième menée par la FIP sur ce sujet depuis 2015, mais elle est aussi plus complète et plus détaillée que les deux précédentes.
Sur 118 associations nationales de pharmaciens contactées, 79 ont répondu : pour la France, ce sont l’Ordre national des pharmaciens et l’USPO qui s’en sont occupés. Sur les 79 pays étudiés, dont la moitié sont situés en Europe, seulement 15 interdisent totalement les ventes en ligne, avec parmi eux plusieurs pays du Moyen-Orient. En Europe, 27 pays réservent les ventes en ligne aux seules pharmacies ayant aussi une présence physique, 4 acceptent les pharmacies purement virtuelles et 15 autorisent les ventes d’OTC en ligne par des canaux non pharmaceutiques, comme les drogueries ou les supermarchés. Sur la soixantaine de pays autorisant les ventes en ligne, la moitié autorise les ventes de prescriptions parmi celles-ci, en exigeant notamment des ordonnances électroniques… que plusieurs d’entre eux admettent ne pas pouvoir toujours contrôler efficacement. D’une manière générale, les pays européens, suivis par ceux de la zone Australie-Pacifique et des deux Amériques, sont les plus nombreux à réglementer les ventes de médicaments en ligne. À l’inverse, ces réglementations sont rares, voire inexistantes, en Afrique, en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient.
L'ombre d'Amazon
Interrogées sur les avantages et les inconvénients des ventes en ligne, les associations de pharmaciens ayant participé à l’étude estiment qu’elles facilitent l’accès aux médicaments, ce qui est positif, mais déplorent dans le même temps le manque de conseil compétent et personnalisé. En matière de sécurité des ventes en ligne, les pharmaciens redoutent avant tout les erreurs lors des envois et les contrefaçons. 46 % des associations pensent que les ventes en ligne constituent une menace pour les pharmacies « physiques », mais avec des nuances en fonction des structures : ce sont les grandes plateformes généralistes, en premier lieu Amazon, qui inquiètent le plus les pharmaciens, moins préoccupés par les petits sites rattachés à des officines.
Dans ses conclusions, la FIP souligne que malgré la « prolifération » des pharmacies en ligne, les officines « de pierre et de brique » conserveront tous leurs atouts dès lors qu’elles parviendront à s’adapter à l’avenir, en renforçant notamment leur rôle d’experts du médicament dans des systèmes de santé de plus en plus numérisés. « La pandémie a montré combien les pharmacies ont su s’adapter à ce nouveau défi », rappellent les auteurs de l’étude, pour qui elles sauront faire de même face aux évolutions technologiques. Enfin, tous les pays du monde devraient coopérer pour réglementer plus efficacement les ventes de médicaments en ligne, en particulier face au développement des échanges transfrontaliers.