« Ces données étaient attendues pour mettre fin à la controverse concernant le remdesivir. Nous disposons désormais de données suffisamment fiables et robustes montrant que le remdesivir n'a pas d'intérêt clinique chez les patients hospitalisés », indique au « Quotidien » la Pr Florence Ader, infectiologue, chercheuse Inserm et première auteure de l'étude.
En début d'année, les résultats de l'essai Solidarity de l'Organisation mondiale de la santé avaient déjà montré que le remdesivir n'avait pas d'impact positif sur la mortalité à J28. Cet essai avait été mené dans 405 hôpitaux de 30 pays, avec 2 750 patients ayant reçu du remdesivir et 4 088 n'ayant reçu que les soins standards (en plus de trois autres bras de traitement évalués, dont l'hydroxychloroquine).
L'approche de Discovery, pilotée par la Pr Ader, était différente. « Nous avons inclus moins de patients mais avons réalisé plus de prélèvements et récolté plus de données, ce qui nous a permis d'aller au-delà des données de mortalité et d'apporter beaucoup d'informations », précise-t-elle.
Entre le 22 mars 2020 et le 21 janvier 2021, 857 patients de 48 sites, admis à l'hôpital pour Covid-19, symptomatiques pendant plus de 7 jours et ayant besoin d'une assistance en oxygène, ont été randomisés en deux groupes selon qu'ils aient reçu du remdesivir (429 patients) ou uniquement le traitement standard (428).
Pas de diminution de la charge virale
Aucune différence significative n'a été constatée entre les deux groupes concernant le statut clinique à J15 et J29, le délai de sortie de l'hôpital, la mortalité toutes causes confondues à J28 ou la cinétique virale. « Pour la moitié des patients, nous avons pu analyser des prélèvements respiratoires et voir que le remdesivir n'entraînait pas de diminution de la quantité de virus », développe la Pr Ader. Aucune différence n'a été rapportée non plus en termes de survenue d'événements indésirables graves.
Ces résultats confirment donc l'absence d'intérêt de l'antiviral chez les patients Covid requérant une assistance en oxygène. Ce médicament, commercialisé sous le nom Veklury, avait pourtant été le premier traitement à recevoir l'approbation (conditionnelle) de l'Union européenne dans cette indication en 2020. « Néanmoins, cette molécule pourrait être réévaluée dans d'autres indications, avant hospitalisation », estime la Pr Ader.
Discovery fait aujourd'hui partie d'un projet européen plus vaste impliquant 12 pays, le EU-response. Dans ce cadre, le candidat AZD7442 développé par AstraZeneca, combinaison de deux anticorps monoclonaux à longue durée d'action (tixagevimab et cilgavimab), est en cours d'évaluation. « L'idée est de tester son efficacité chez des patients hospitalisés, mais de manière précoce, au plus tard dans les 9 jours suivant l'apparition des symptômes, précise la Pr Ader. Les résultats de l'étude Provent ont déjà montré sa sécurité et sa bonne tolérance lorsqu'il est utilisé en prophylaxie. »