Des épidémiologistes de l’Institut Karolinska à Stockholm publient dans « The New England Journal of Medicine » la preuve tangible que le vaccin HPV diminue le risque de cancer du col de l’utérus.
Jusqu’ici, seule la capacité du vaccin à prévenir l’infection persistante à HPV et la survenue des lésions précancéreuses du col de l’utérus avait pu être démontrée. À ceci s’ajoutait la prévention des verrues génitales et des autres lésions précancéreuses HPV induites (vagin, vulve et anus). Parce qu’il faut un délai de 10, 15, voire 20 ans d’infection HPV persistante pour qu’une femme développe un cancer du col de l’utérus, le recul n’était pas encore suffisant pour pouvoir correctement évaluer ce paramètre. C’est chose faite aujourd’hui alors que les premières politiques de vaccination datent de 2006-2007.
Près de 1,7 million de participantes dans le registre
« C’est la première fois qu’à l’échelle d’une population, nous sommes capables de montrer que la vaccination HPV protège non seulement des modifications cellulaires qui peuvent être précurseurs de cancers cervicaux mais aussi des cancers invasifs, a déclaré Jiayao Lei, premier auteur de l’étude. C’est quelque chose que nous suspections depuis longtemps mais que nous sommes maintenant capables de montrer dans une large étude nationale reliant la vaccination HPV et le développement d’un cancer du col de l’utérus au niveau individuel ».
Une protection optimale à un âge jeune
Dans cette étude menée pendant 11 ans – de la date de mise à disposition du vaccin en 2006 jusqu’en 2017 –, ont été incluses près de 1,7 million de femmes âgées de 10 à 30 ans. Parmi elles, plus de 500 000 ont été vaccinées contre le HPV, la majorité avant l’âge de 17 ans. Au total, 19 femmes ayant reçu le vaccin ont eu un cancer du col par rapport à 538 dans le groupe non vacciné, ce qui correspond respectivement à des taux de 47 et 94 pour 100 000.
Après ajustement sur de nombreuses co-variables (âge, année calendaire, lieu de résidence, caractéristiques parentales telles que le degré d’études, le niveau socio-économique, le pays de naissance maternel et les antécédents maternels), la vaccination se révèle être associée à un risque significativement diminué de cancer cervical.
Fait essentiel : l’efficacité du vaccin est d’autant plus importante que les femmes sont vaccinées jeunes. Les chercheurs ont observé que les filles vaccinées avant l’âge de 17 ans présentent un risque diminué de 88 %, tandis que les femmes âgées de 17 à 30 ans ont un risque diminué de moitié par rapport à celles non vaccinées. « Les filles vaccinées à un âge jeune semblent davantage protégées, probablement parce qu’elles sont moins exposées à l’infection HPV, sachant que le vaccin n’a aucun effet thérapeutique contre une infection préexistante », a expliqué Pär Sparén, auteur senior.
En France, le vaccin HPV était recommandé jusque-là chez les filles de 11 à 14 ans (schéma à deux doses) avec un rattrapage possible de 15 à 19 ans (schéma à trois doses), ainsi que chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à l’âge de 26 ans révolus. Alors que la Haute Autorité de santé recommande depuis fin 2019 d’élargir la vaccination à tous quel que soit le sexe, le remboursement pour les garçons est entré en vigueur le 8 décembre à la suite de la publication au « Journal officiel ». La Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV) appelle à mettre tout en œuvre pour en faire bénéficier les jeunes générations.
J Lei et al. N Engl J Med, 2020. doi:10.1056/NEJMoa1917338.