Selon les chiffres présentés par plusieurs instituts et analystes internationaux lors du congrès annuel du syndicat allemand des pharmacies en ligne (BVDVA), les ventes de médicaments en ligne en Allemagne accaparent désormais 17 % du chiffre d’affaires des OTC, et ont encore progressé de 16 % durant les 6 premiers mois de 2020, les ventes de prescriptions en ligne restant, elles, toujours négligeables. Lors de la 12e semaine de 2020, qui correspond au début du confinement en Allemagne, les ventes d’OTC en ligne ont connu un record absolu avec 23 % du chiffre d’affaires du secteur. Les pharmacies virtuelles ne s’y sont d’ailleurs pas trompées : alors qu’elles multipliaient les ristournes et les promotions jusqu’en février, elles les ont quasiment fait disparaître de mars à mai, avant de les réintroduire progressivement depuis cet été.
Les évolutions sont encore plus spectaculaires dans certains pays, comme la Tchéquie et la Pologne où ces ventes en ligne ont augmenté respectivement de 44 % et de 27 %, l’Australie où elles ont progressé de 35 %, ou le Brésil où la hausse a atteint 56 %, à partir il est vrai d’un niveau quasi nul.
Plus préoccupant encore, ces phénomènes devraient s’accélérer dans les années à venir : toujours en Allemagne, les ventes en ligne pourraient, selon les hypothèses économiques, représenter de 35 à 45 % des OTC en 2030, tandis que les médicaments de prescription en ligne pourraient capter entre 8 et 17 % du marché. Dans 5 ans déjà, selon les mêmes études, l’OTC en ligne pourrait osciller entre 27 et 32 % du marché, les prescriptions, stimulées par les ordonnances électroniques, représentant, elles, entre 5 et 8 % du marché.
Le pari de l'hybride
Les pharmacies classiques sont-elles dès lors condamnées à voir leur activité fondre aussi vite que la banquise en ces temps de réchauffement ? Certainement pas, estiment de nombreux analystes qui relèvent qu’à l’avenir, « les pharmacies en ligne auront besoin des officines pour se développer, et inversement ». Un point de vue défendu aussi par le Suisse Walter Oberhänsli, PDG du groupe Zur Rose, propriétaire de Doc Morris, qui souhaite nouer des « partenariats » avec les officines… sans rencontrer pour le moment un grand écho de leur part.
Il n’en reste pas que certaines officines ont déjà fait le pari de l’« hybride », en associant étroitement officines classiques, shop et nouveaux services, en premier lieu les livraisons à domicile. Parmi les exemples cités lors du congrès, les deux officines de la petite ville allemande de Holzgerlingen, non loin de Stuttgart qui, dirigées par le même pharmacien, ont affiché en 2020 une progression de… 50 % de leur chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente. Pour le titulaire de ces deux officines, Björn Schittenhelm, « il ne doit pas y avoir de différence pour les clients entre les ventes en ligne et les ventes sur place », ce qui passe par des services et une qualité équivalente, quel que soit le mode de distribution. Ses pages d’accueil et de vente particulièrement soignées (https://www.alamannen-apotheke.de/apotheke/willkommen.htm) illustrent d’ailleurs bien cette volonté, alors même que de nombreux experts estiment qu’à l’avenir, les pharmacies en ligne se démarqueront les unes des autres, autant par les prix et les produits que par la qualité d’accueil et de présentation.