La peau est le reflet de notre état de santé général, mais elle est aussi le reflet de notre vécu psychologique. En raison d'un niveau élevé d'anxiété, le corps cherche à exprimer à l'extérieur ce qui se passe au niveau du psychisme. Le stress peut aggraver les maladies cutanées, surtout celles d'origine inflammatoire comme le psoriasis, la dermatite atopique, l’acné, la rosacée. Il faut comprendre à la fois le rôle des émotions sur l'épiderme et comment la peau influence le mental.
« Peau et cerveau communiquent en permanence et il n’y a pas de vie corporelle sans relation avec notre vie psychique. Le système nerveux est le chef d'orchestre des fonctions de la peau, et la peau est malade quand il est perturbé, affirme le Pr Laurent Misery, dermatologue au CHU de Brest et neuroscientifique. Le lien peau et psychisme repose sur des mécanismes psychologiques et biologiques indissociables. » Quelle que soit son origine, le stress entraîne des mécanismes induits par la libération de neuromédiateurs dans le sang, la peau et le système nerveux central. La production accrue d’adrénaline, de noradrénaline, de cortisol, de VIP (vasoactive intestinal peptide) ou de substance P provoque des effets inflammatoires directs. « Mais le stress ne crée pas une maladie, il peut l’aggraver, voire la révéler, ou parfois engendrer une poussée. Aucun problème cutané n’est d’origine psychologique, mais dès qu'il apparaît il faut consulter et le traiter rapidement », prévient le spécialiste, qui rappelle que le dermatologue ne doit pas se contenter de proposer des solutions médicamenteuses ou dermocosmétiques, mais adresser le patient à un psychiatre ou un psychologue dans les situations très difficiles.
« La maladie dermatologique peut parfois jouer un rôle de béquille : il arrive de voir des patients guérir de leur dermatose car ils décompensent complètement sur le plan psychique. Malheureusement, la prise en compte des facteurs psychiques et des émotions dans le développement ou l'apparition des maladies cutanées n'est pas encore la règle, et l'indifférence ou le scepticisme face aux intrications psycho-dermatologiques des maladies de peau reste la norme. » Parfois le patient refuse d’aborder l’aspect psychologique, soit parce qu’il attend des solutions exclusivement dermatologiques (crèmes, médicaments), soit parce que rencontrer un psy reste une démarche difficile.
Un lourd fardeau quotidien
Acné, psoriasis, eczéma, vitiligo… Parce qu’elles sont visibles, ces pathologies sont parmi les plus stigmatisantes et il n’est pas rare qu’un patient atteint d’une maladie de peau chronique et invalidante envisage le suicide. Les regards appuyés ou fuyants des autres, ajoutés aux moqueries, aux souffrances dans sa chair, aux lourdeurs des traitements, sont parfois au-delà du supportable. Malheureusement, en 2021, les méconnaissances et les tabous persistent et de nombreux Français pensent encore qu'une pathologie cutanée résulte d'un trauma profond ou d’une mauvaise hygiène. Stéphanie Merhand, fondatrice de l’Association française de l’eczéma, évoque « le quotidien troublé et douloureux de ces malades, avec une incidence d’autant plus retentissante et difficile à vivre que la société actuelle et les réseaux sociaux exigent, chez les jeunes notamment, le devoir de s’afficher avec une peau parfaite. Deux tendances s’observent dans les comportements des jeunes patients souffrant de problèmes de peau, en particulier d’eczéma : sur les forums, ils osent poster les photos de leurs plaques et discuter avec des pairs à même de comprendre leur quotidien ; c’est en revanche plus compliqué sur Instagram où ils sont davantage attentifs à leur image et postent des photos édulcorées ». Les problèmes de peau, même minimes, sont de moins en moins tolérés. L’évolution sociétale en général et celle des réseaux sociaux en particulier en témoignent : quand on se montre, c’est pour être belle, beau et « instagrammable/esque ».
D'après le communiqué virtuel « Dermlive by La Roche-Posay ».