Coordonnée par le Pr Charles Chapron de l'hôpital Cochin (AP-HP, université de Paris) et menée en collaboration avec la maternité de l’hôpital Cochin-Port Royal (AP-HP) et le Centre d’investigation clinique Necker Cochin Paris Centre, cette étude a analysé les données d’accouchement de 1 351 femmes, parmi lesquelles 470 avaient été précédemment diagnostiquées comme atteintes d'endométriose avec les trois phénotypes : l'endométriose péritonéale superficielle isolée, l'endométriose ovarienne et l'endométriose profonde.
Aucune différence observée selon les phénotypes de l'endométriose
Les taux d’accouchement prématuré avant 37 semaines d’aménorrhée ont été analysés selon ces trois phénotypes et en prenant en compte « l’âge de la mère, l'indice de masse corporelle avant la grossesse, le pays de naissance, la parité, l'antécédent de césarienne, de myomectomie, d'hystéroscopie ou d'accouchement prématuré », détaillent les auteurs.
Aucune différence n’a été mise en évidence pour l’accouchement prématuré, avec un taux de 7,2 % (34 sur 470) dans le groupe « endométriose », contre 6 % (53 sur 881) dans le groupe contrôle. « Aucune différence n'a été trouvée entre les différents phénotypes de l'endométriose ou entre les types d'accouchements prématurés (spontané ou induit) », ajoutent les auteurs.
Une association avec les contractions utérines et les changements cervicaux ne peut être exclue
Ces résultats ne sont pas, selon eux, conformes à ceux des études sur le risque accru d'accouchement prématuré dans les cas d'endométriose, y compris les conclusions des trois méta-analyses. « Ces études ont trouvé une association entre l'endométriose et les issues défavorables de grossesse, en particulier les naissances prématurées avant 37 semaines de gestation (OR de 1,63, 1,70 et 1,38, selon les méta-analyses). Cependant, les résultats n'étaient pas cohérents entre les études incluses pour l'association entre l'endométriose et l'accouchement prématuré (OR de 1,30, 1,34, 1,15 et 1,14) », indiquent les auteurs, soulignant les risques de biais, en raison notamment « de la taille de l'effet des petites études ».
Et, si leurs résultats ne relèvent pas de risque accru d'accouchement prématuré, ils ne peuvent permettre d’exclure « une association entre l'endométriose, les contractions utérines et les changements cervicaux », précisent-ils, observant un « taux plus élevé de menace de travail prématuré dans le groupe endométriose », qui « pourrait être attribué à un biais d'indication ».
« Nous n'avons pas été surpris d'observer un taux d'induction plus élevé pour le travail, l'accouchement instrumental et l'accouchement par césarienne dans le groupe de l'endométriose, peut-être en raison d'une surestimation des grossesses à haut risque dans les cas d'endométriose », expliquent-ils, encourageant les praticiens à « surveiller ces grossesses selon les protocoles de grossesse normaux pour prévenir les naissances prématurées, en gardant à l'esprit les complications chirurgicales aiguës gestationnelles exceptionnelles ».