Tester l’efficacité de deux purificateurs d’air contre le SARS-CoV-2, telle était la mission du laboratoire lyonnais VirPath, référence internationale sur les infections virales respiratoires et de la société VirHealth, spécialisée dans l’évaluation des activités virucides et antivirales des produits, équipements et technologies de désinfection.
Dans le cadre de cette étude, deux types de filtres HEPA ont été testés : le filtre H13 qui laisse passer 50 particules de 0,1 micron par litre d’air et le filtre H14 qui ne laisse passer que 5 particules de 0,1 micron par litre d’air. L’étude avait un double objectif : mesurer l’efficacité de ces dispositifs sur le piégeage des particules infectieuses du Covid-19 dans l’air et mesurer la durée de survie des virus SARS-CoV-2 infectieux une fois piégés. L’étude a été financée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes à hauteur de 184 000 euros.
« Nous avons mis en place un protocole expérimental avec une chambre de nébulisation de 2,5 m³, explique le Dr Manuel Rosa-Calatrava, directeur de recherche à l’Inserm et codirecteur du laboratoire de recherche VirPath avec le Pr Bruno Lina. Cela nous a permis de générer par nébulisation de virus SARS-CoV-2 une atmosphère contaminée, dans laquelle nous avons mis en fonctionnement les équipements à tester. Nous y avons fait passer plusieurs volumes d’air, pendant différents temps et nous avons collecté les virus respiratoires infectieux résiduels que nous avons remis en culture cellulaire, pour les quantifier par titrage infectieux. »
Les données générées ont permis de conclure à une efficacité des filtres HEPA H14 et H13 dans les conditions expérimentales de l’étude. « Sur la filtration, nous avons pu montrer jusqu’à 99,90 % d’élimination des virus avec les filtres HEPA H13 après avoir passé 10 volumes d’air de la chambre. Et avec les filtres H14, nous avons mesuré 99,96 % d’élimination des particules virales infectieuses », détaille le Dr Manuel Rosa-Calatrava.
Absence de détection du virus au bout de 48 heures
Concernant la persistance sur les surfaces, c’est la société VirHealth qui a mené les expérimentations. « Nous avons procédé à une contamination artificielle sur les filtres et nous avons évalué la perte de virus infectieux au cours du temps, complète le Dr Vincent Moulès, président-directeur général de la société VirHealth. Nous avons observé et quantifié une décroissance assez forte, jusqu’à une absence de détection de virus au bout de 48 heures après inoculation, à une température de 20 degrés et une humidité relative de 50 %. »
Ces résultats scientifiques permettent de mieux connaître l’efficacité des filtres, mais doivent désormais être transposés en vie réelle. « Nous sommes dans des conditions expérimentales, avec l’utilisation d’un banc d’essai en laboratoire, souligne le Dr Manuel Rosa-Calatrava. Sur la base de ces résultats, qui sont très précis en fonction de la charge virale, du nombre de passage de volumes d’air dans ces équipements et de la stabilité de ces virus infectieux, il faut aujourd’hui dimensionner le nombre d’épurateurs d’air et leur mode d’utilisation dans les espaces in situ qui sont visés », recommande-t-il. Par ailleurs, il rappelle que « ces épurateurs d’air sont une arme supplémentaire dans la lutte contre le SARS-CoV-2. Sur la base de ces données scientifiques, il faut déployer ces solutions en complément des mesures barrières, du port du masque, du nettoyage des mains régulier et du nettoyage des surfaces ».